Nicolas Sarkozy s’apprête à prendre la présidence du G20, tremplin vers 2012

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à Bonneval, dans le centre de la France (Photo : Lionel Bonaventure)

[09/11/2010 07:16:05] PARIS (AFP) La France affiche clairement ses ambitions avant de prendre la présidence du G20, qui rassemble pays riches et émergents de la planète, dans l’espoir aussi de relancer la présidence de Nicolas Sarkozy avant l’élection présidentielle de 2012.

Officiellement, le G20 débute le 11 novembre au soir par un dîner réunissant les principaux dirigeants de la planète. Retenu à Paris par les cérémonies de commémoration de l’armistice de 1918, le président Sarkozy n’arrivera dans la capitale coréenne que le lendemain matin.

Il devrait voyager à bord du nouvel avion de la République, un A330-200 flambant neuf, rebaptisé “Air Sarko One” par les médias.

M. Sarkozy assistera toutefois au dîner de clôture du forum, le 12 novembre, avant de regagner Paris dans la foulée.

A partir de cette date, c’est donc la France qui présidera pour un an le G20, présidence qu’elle cumulera à partir du 1er janvier avec celle du G8, le club plus fermé des pays les plus riches.

Principal artisan de la montée en puissance, en pleine crise économique mondiale, du G20 comme organe décisionnaire sur les questions de régulation financière, le président Sarkozy a eu plusieurs fois l’occasion d’exposer les “ambitions” de sa présidence de ce forum, qui se résument à trois gros chantiers.

Premier chantier: la réforme du système monétaire international, dont il espère débattre “sans tabou”. Face à l’instabilité des changes menaçant la croissance mondiale, comme il l’avait affirmé lors de son discours aux ambassadeurs le 25 août, M. Sarkozy juge “nécessaire” de “mettre en place des instruments pour éviter l’excessive volatilité des monnaies”.

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ésidentiel, rebaptisé “Air Sarko One” par les médias, le 27 octobre 2010 à l’aéroport de Tontouta, en Nouvelle Calédonie (Photo : Thierry Perron)

Principaux écueils à cette volonté réformatrice: le yuan d’une part, que les Chinois ne sont pas pressés de réévaluer, le dollar de l’autre, que les Américains viennent de déprécier via une injection massive de billets verts dans le circuit économique.

Tant Pékin que Washington agissent ainsi pour doper leurs exportations, au moment où l’Europe économique peine à sortir la tête de l’eau.

Autres chantiers : la volatilité du prix des matières premières (cause d’émeutes de la faim en 2008, notamment à Haïti et en Afrique), et la réforme de la gouvernance mondiale (Fonds monétaire international, Conseil de sécurité élargi à l’Afrique notamment).

S’ils sont “incontournables”, ces chantiers “ne seront pas bouclés dans l’année à venir” et “ce que nous voulons, c’est les pousser le plus loin possible avant de passer le relais” fin 2011, indique-t-on à l’Elysée.

En recevant la semaine dernière le président chinois Hu Jintao, Nicolas Sarkozy avait lui-même admis qu’il était “bien difficile” d’être optimiste sur les résultats du G20, vu l’ampleur de la tâche.

Sur le plan intérieur, et alors que sa cote de popularité demeure obstinément basse, le président Sarkozy espère tirer avantage d’une présidence du G20 réussie, un peu comme avec sa présidence de l’Union européenne au second semestre 2008, saluée y compris par ses adversaires politiques.

“Il espère se refaire au G20 mais, même s’il est un excellent président du G20, les retombées seront proches de zéro en France”, estime néanmoins un ancien ministre socialiste. Sa présidence de l’UE “n’a pas empêché la claque des élections régionales et que l’opinion française reste très majoritairement allergique à sa personnalité”, juge le même.

A 18 mois de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy compte sur le G20 pour soigner sa stature internationale, et sur le plan intérieur sur un remaniement gouvernemental imminent pour repartir sur de nouvelles bases.