étro parisien le 28 octobre 2010. (Photo : Miguel Medina) |
[09/11/2010 14:38:49] PARIS (AFP) Même si la fréquentation est toujours légèrement en hausse, les transports publics ont été durement affectés par la crise et leurs comptes se détériorent dangereusement, ce qui rend les professionnels du secteur peu optimistes dans un contexte de crise des finances locales.
Les chiffres de 2009, publiés mardi par l’Union des transports publics et ferroviaires (l’UTP, qui réunit la plupart des opérateurs), sont assez préoccupants: certes, la fréquentation des bus, tramways et métros a encore augmenté en province de 1,1%.
Mais ces voyageurs ont moins payé, puisque les recettes ont baissé de 0,2%. Les dépenses ont augmenté de 4,4%.
Du coup, le taux de couverture, c’est-à-dire la part réellement payée par les passagers, est reparti à la baisse, à 36,3%, contre 38% en 2008. Le reste vient des impôts.
En Ile-de-France, la RATP a même perdu 0,8% de ses passagers l’an dernier, et a vu ses coûts progresser bien plus vite que les recettes.
“Il n’y a pas de surprise, nous avons eu une rupture forte en 2009, évidemment liée à la crise économique”, a commenté Cyrille du Peloux, le président de l’UTP, qui est aussi directeur général de Veolia Transport.
2010 ne devrait pas être sensiblement meilleure. “Au premier semestre, on constate une légère amélioration, mais légère seulement, et en tous cas pas un retour aux bonnes années”, a-t-il constaté.
La fréquentation a augmenté au cours des six premiers mois de l’année de 1,5% en province et de 2,4% pour la RATP.
Ces chiffres contrastent avec trois années fastes pour les transports en commun de 2006 à 2008, que l’organisation professionnelle expliquait par un accroissement de l’offre, le choc pétrolier et +l’effet Grenelle+, les Français étant plus conscients des enjeux environnementaux de leurs déplacements.
Un bus parisien le 19 janvier 2010 (Photo : Loic Venance) |
Avec la crise, “hausse du chômage égale baisse de la mobilité liée au travail (ce qui se mesure pendant la semaine), égale baisse de la fréquentation loisir (le week-end)”, relève Cyrille du Peloux, qui note aussi que “les taux de fraude sont repartis à la hausse”.
En outre, les tarifs sociaux ont été étendus ou utilisés par davantage de monde, tandis que la prime transport (l’obligation par les employeurs de rembourser une partie des abonnements) a poussé des agglomérations a baisser certains prix, notamment pour les étudiants.
Et pendant ce temps, ironise Bruno Gazeau, délégué général de l’UTP, “le plan de relance de l’automobile a bien marché”, et, allié à une baisse du prix du diesel, il a remis les Français au volant, contrairement aux années précédentes.
Dans ce tableau plutôt sombre pour les transports publics, les dirigeants de l’UTP contatent que l’effort entrepris pour étoffer les réseaux ne s’est pas relâché. L’offre a ainsi progressé de 1,5% l’an dernier en province, et encore de 2,7% au premier semestre (et respectivement de 2,4% et 0,9% pour la RATP en Ile-de-France).
“Tous les élus continuent d’y croire, quelle que soit leur couleur politique, en dépit de leurs difficultés économiques”, se réjouit M. Gazeau.
Reste que l’on ne pourra peut-être pas continer très longtemps à ce rythme si les déficits d’exploitation continuent à se creuser.
Il faudra donc trouver des “sources d’optimisation” dans les réseaux, c’est-à-dire concrètement faire passer les bus là où ils sont le plus utiles. Nantes s’est déjà engagé sur cette voie.
A plus long terme toutefois, le président de l’UTP Cyrille du Peloux veut rester optimiste car les raisons expliquant le besoin de transports publics restent les mêmes: urbanisation, densification, problèmes environnementaux et prix des carburants.