Caisse des Dépôts et banques à l’assaut des 260 milliards du Livret A et du LDD

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évrier 2010 (Photo : Loic Venance)

[09/11/2010 14:37:38] PARIS (AFP) Les banques et la Caisse des dépôts ferraillent autour des 260 milliards d’euros du Livret A et du Livret de développement durable (LDD), dont la répartition entre eux doit bientôt évoluer, chacun voulant persuader qu’il en fera meilleur usage pour l’économie.

A fin 2009, environ 66% des dépôts du Livret A et du LDD étaient centralisés à la Caisse des dépôts, qui utilise principalement cette enveloppe pour financer le logement social à des taux avantageux.

La réforme de la distribution du Livret A, désormais ouverte à l’ensemble des banques, a été l’occasion pour le gouvernement de remettre à plat tant la part des dépôts centralisée que la rémunération versée par la Caisse aux banques qui collectent cette épargne.

Bercy a lancé fin octobre une consultation sur ces deux points et doit rendre ses conclusions en fin d’année ou début 2011.

Premier financeur du logement social, avec 105 milliards de prêts en cours fin juin, la CDC a déjà prévu une montée en charge, qui porterait ce total à 160 milliards environ en 2016.

Son directeur général, Augustin de Romanet, jugeait donc “nécessaire”, mardi dans Libération, que 70% des montants collectés remontent vers son établissement. Ce d’autant que des prêts destinés notamment aux infrastructures et aux transports sont venus s’ajouter au logement social.

Mais les banques rechignent, soulignant qu’une bonne partie des dépôts du Livret A et du LDD qui ne vont pas à la CDC sert à financer les entreprises, et plus particulièrement les PME.

“Plus de centralisation, c’est moins de crédit aux PME !”, ont affirmé lundi le président et le secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit Agricole.

Premier bénéficiaire de l’ouverture de la distribution du Livret A, le Crédit Agricole devrait rétrocéder à la CDC, en cas de fixation du taux à 70%, environ 25 milliards d’euros de dépôts.

“Cet argent centralisé, nous ne l’aurons plus et il faudra aller le chercher sur les marchés ce qui renchérira le coût du crédit pour les PME”, a fait valoir lundi un des dirigeants du Crédit Agricole, Bertrand Corbeau.

Le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, et le PDG de la Société Générale, Frédéric Oudéa, avaient déjà défendu cet argument la semaine dernière.

Depuis la crise financière, les conditions de financement des banques ont radicalement changé et rendu l’accès à l’épargne et aux dépôts plus cruciale que jamais.

Pour convaincre que les dépôts des livrets d’épargne seraient mieux utilisés en restant dans les banques, M. Oudéa rappelait qu’un peu plus de la moitié seulement des sommes déposées à la Caisse avaient effectivement servi au financement du logement social.

Une source proche de la Caisse des dépôts souligne que ces fonds permettent également à la CDC de jouer un rôle d’investisseur de long terme dans l’économie française. Elle fait valoir aussi que cet argent, placé, rapporte des intérêts. Ils permettent de compenser les prêts accordés à des taux très faibles pour le logement social et ainsi de rémunérer l’Etat, actuellement en difficulté et contraint d’assainir ses finances.

Une augmentation des sommes concentrées à la Caisse des dépôts et une baisse de la rémunération des banques gonfleraient l’enveloppe affectée à l’Etat, qui a atteint 742 millions d’euros pour l’année 2009.