Un Boeing 787 au-dessus de la Grande-Bretagne, le 18 juillet 2010 (Photo : Ben Stansall) |
[10/11/2010 19:27:54] SEATTLE (Etats-Unis) (AFP) A trois mois de la livraison annoncée du premier exemplaire de son avion long-courrier de nouvelle génération, le 787, le constructeur américain Boeing a suspendu mercredi les essais en vol après un incident jugé le plus grave depuis le début des tests.
Mardi, l’avion “ZA002”, deuxième des six appareils utilisés pour les essais, effectuait un vol test lorsqu’un incendie s’est déclaré dans la cabine en phase d’approche de l’aéroport de Laredo (Texas, Sud des Etats-Unis).
“De la fumée est apparue dans la cabine. L’incendie n’a pas duré longtemps et le feu a été éteint avant l’atterrissage”, a déclaré à Seattle (Ouest) une porte-parole de Boeing, Loretta Gunter, précisant que le vol avait duré plusieurs heures.
L’équipage a décidé de procéder à un atterrissage d’urgence et une personne a été légèrement blessée “au cours de l’évacuation”, a-t-elle expliqué au cours d’une conférence de presse.
L’avion transportait entre autres des ingénieurs et des fonctionnaires de l’aviation civile (FAA), soit 42 personnes au total.
Le constructeur a décidé de suspendre immédiatement les vols d’essai le temps de déterminer l’origine de l’incendie encore inconnue. Il poursuit en revanche les tests au sol.
C’est la deuxième fois que les essais du 787 sont suspendus: ils avaient été arrêtés “quelques jours” en juin, a rappelé Mme Gunter, en raison d’un défaut de l’empennage.
A un journaliste qui lui demandait si cet incident était le plus sérieux depuis le début du programme d’essais en vol en décembre 2009, Mme Gunter a répondu: “Je dirais cela, oui”.
Elle n’était ni en mesure de dire, à ce stade, combien de temps allait durer cette suspension, ni si cela allait retarder une nouvelle fois le calendrier de livraisons de cet appareil.
Le premier exemplaire doit être livré à la compagnie All Nippon Airways (ANA) en février, avec un retard de plus de deux ans sur le calendrier initial.
L’avion victime de l’incident de mardi était d’ailleurs peint aux couleurs du transporteur japonais, qui s’est déjà plaint des retards sur le 787. Les clients pénalisés négocient d’ailleurs des indemnités.
Interrogé, le vice-président en charge des ventes commerciales, Marlin Dailey, a refusé de dire à combien ces compensations pourraient s’élever.
De son côté, Mark Albert, directeur en charge des entraînements sur simulateurs de 787, a indiqué que les équipages de ANA n’avaient pas encore reçu la formation sur simulateur en dépit de l’approche de la date de livraison présumée.
“A l’heure actuelle, nous ne voyons aucun lien avec le moteur”, a par ailleurs assuré Mme Gunter, interrogée sur un éventuel problème au niveau du réacteur, fabriqué par le britannique Rolls-Royce.
Un moteur Rolls-Royce destiné au 787 avait explosé lors de tests au sol en septembre.
Le groupe britannique Rolls-Royce se retrouve sur la sellette après des incidents qui ont frappé certains moteurs équipant des avions de la compagnie australienne Qantas.
Sur les six B787 en test, quatre (les quatre premiers) sont équipés de moteurs Rolls-Royce, les deux derniers possèdent des moteurs de General Elctric, a rappelé Jim Haas, directeur marketing.
Interrogé sur les principales raisons des retards du Dreamliner, il a estimé qu’il s’agissait à la fois de problèmes technologiques pour un avion composé en majorité de matériaux composites et de problèmes de processus industriels.
Actuellement, 25 exemplaires ont été fabriqués dont les six avions utilisés pour les tests en vol et quatre sont en ligne d’assemblage à Seattle.
Cet incident pénalisait lourdement l’action Boeing qui perdait 2,83% à 67,29 dollars vers 19H00 GMT, la plus forte baisse de l’indice Dow Jones.