L’action de Tunisair illogiquement basse ? C’est en tout cas la conviction intime de Nabil Chettaoui, PDG de Tunisair qui, lui, a foi en la solidité et la rentabilité de sa compagnie : «Les actions de Tunisair sur la bourse de Tunis ne sont pas les mieux nanties parce que notre statut ne nous autorise pas à les soutenir. En tant qu’entreprise publique, nous n’avons aucun levier pour le faire, contrairement aux groupes privés qui peuvent user d’effet de levier pour soutenir leurs actions sur le marché boursier. La cotation en bourse ne répond pas à une science exacte ou à une logique déterminée, ce que je peux constater est que l’action de Tunisair est illogiquement basse»
La compagnie aérienne nationale qui envisage une augmentation du capital d’ici 2013, ne compte pas le faire nécessairement à travers l’actionnariat, toutefois : «C’est une éventualité si un ou plusieurs actionnaires n’acceptent pas de nous accompagner dans cette augmentation ».
Le financement du plan de flotte actuel exigerait le double du capital actuel de la compagnie. Une étude sera lancée très prochainement à cet effet. Plusieurs partenaires seraient pressentis pour participer à cette augmentation de capital. Toutefois, c’est l’Etat qui décidera en dernier recours, précise Nabil Chettaoui.
Le PGD de Tunisair, nous a expliqué lors d’une interview accordée à WMC, à propos du mécontentement concernant les dividendes exprimé lors de la dernière assemblée générale de la compagnie, qu’on reste toujours sujet aux critiques et qu’on ne peut jamais être convaincant pour tout le monde. « Je n’ai jamais vécu une assemblée générale calme depuis que je suis arrivé à Tunisair. Les demandes des actionnaires sont légitimes. Malheureusement dans notre pays, ils sont en grande majorité des spéculateurs. Vous trouvez rarement un actionnaire qui investit sur le long terme. En 2009, j’avais expliqué que l’action Tunisair n’est pas faite pour les spéculateurs ». Pour le premier dirigeant de la compagnie battant pavillon national, son entreprise a des fondamentaux et représente un bon placement pour ceux qui savent investir sur le long terme « comme sait le faire le transport aérien ». L’action Tunisair n’est pas indiquée pour ceux qui veulent récupérer leur mise en quelques jours, a-t-il précisé, et pour preuve, des fonds d’investissements étrangers qui disposent d’équipes d’analyse et sont conseillés par des experts en transport aérien possèdent près de 8% du capital de la compagnie aérienne nationale : « ceux-là ont confiance en Tunisair, ils ne nous auraient certainement pas choisis s’ils n’avaient pas été sûrs de nos capacités. En ce qui me concerne, je ne comprendrais jamais cette course vers l’argent facile de la part de certains investisseurs, pour ces gens là, l’action Tunisair n’est pas indiquée ».
Rappelons, à propos d’actions, que la compagnie aérienne nationale a cédé ses actions dans deux banques privées, l’UIB et l’UTB, ce qui avait soulevé un tollé au niveau de l’actionnariat. La question posée était alors, pourquoi les actions cédées par Tunisair ont été vendues plus cher ensuite ? « Nous avions décidé de nous désengager de tout le secteur bancaire, UIB et UTB. Nous avions réagi ainsi parce que la crise financière internationale nous a fait prendre conscience des risques que peut engendrer le système financier international. Les choses s’étaient, il est vrai, rétablies, mais pour nous, il s’agissait de ne plus rester dans un secteur qui n’est pas le notre ». La décision était stratégique et était la conséquence de la crise systémique mondiale, a estimé M.Chettaoui.
Tunisair avait, à l’époque, vendu tout le bloc de ses actions à prix fermé « Au moment où nous allions vendre, il ne fallait pas que nous cédions nos parts au prix de l’action, tous les experts de la bourse et les courtiers savent que la vente d’un bloc, ne se fait pas au prix du jour. Le bloc est une moyenne calculée sur une année avec une majoration que nous négocions. Tunisair a négocié cette majoration et en a obtenu une belle plus value (9 MDT) ». Pour le PDG de Tunisair, si ceux qui ont acheté le bloc l’ont revendu par action, ils étaient maîtres de leur décision d’autant plus que les acheteurs ont également gagné au change.