L’Airbus A380 va souffrir de l’incident du vol Qantas

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ût 2010 à Stade en Allemagne (Photo : Angelika Warmuth)

[12/11/2010 11:27:05] PARIS (AFP) Les livraisons d’Airbus A380 devraient souffrir de l’incident sur l’un des très gros porteurs de la compagnie australienne Qantas, a mis en garde vendredi l’avionneur européen, qui se montre aussi de plus en plus prudent sur le calendrier de son futur long-courrier A350.

Qantas a cloué au sol ses A380 depuis l’atterrissage d’urgence à Singapour le 4 novembre de l’un de ses six appareils, victime d’une grave avarie moteur.

“Je m’attends à ce que cet événement (…) ait un impact sur les livraisons, en particulier en 2011”, en raison des inspections et remplacements recommandés sur des moteurs Rolls-Royce, a annoncé le président d’Airbus Thomas Enders.

A ce stade, Airbus ne se risque pas à dire combien d’exemplaires seraient concernés par des reports de livraison.

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à l’atterrissage le 21 juillet 2010 à Farnborough dans le Hampshire (Photo : Ben Stansall)

Le groupe britannique Rolls-Royce a assuré vendredi avoir identifié comme fautif un “élément spécifique” de la turbine du moteur. Le groupe assure que cet élément est en train d’être remplacé sur les moteurs Trent 900 équipant les A380 des compagnies concernées (Qantas, Singapore Airlines et Lufthansa), en collaboration avec Airbus. Singapore Airlines avait aussi immobilisé plusieurs de ses avions géants.

D’autres compagnies comme Air France ou Emirates, le plus gros acheteur du super-jumbo, ont équipé leurs A380 de réacteurs de l’autre motoriste, Engine Alliance (General Electric, Pratt & Whitney et Safran), et ne sont donc pas concernées par ces problèmes.

L’annonce d’Airbus tombe particulièrement mal, au moment où l’avionneur sortait enfin des lourds problèmes d’industrialisation de son très gros porteur et espérait en livrer jusqu’à 22 exemplaires cette année, contre seulement dix en 2009.

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à Toulouse (Photo : Remy Gabalda)

Airbus, qui n’a enregistré aucune annulation de commande, reste toutefois confiant dans le fait que le plus gros avion de ligne du monde conservera la faveur des compagnies aériennes et des passagers. “La réputation de l’appareil restera sans tache et va même s’améliorer dans les années qui viennent”, a assuré M. Enders. L’avionneur en veut pour preuve la toute récente commande de la compagnie japonaise Skymark Airlines pour six A380, dont deux options, qui marque l’entrée du très gros porteur au Japon, fief de Boeing.

Autre sujet d’inquiétude pour Airbus: le calendrier de plus en plus tendu de son futur long-courrier A350, un avion majoritairement conçu en composites destiné à concurrencer le Boeing 777 et le nouveau 787 “Dreamliner”.

Le développement de l’A350 “reste difficile”, reconnaît Airbus, avec désormais l’objectif d’une mise en service au second semestre de 2013. Airbus tablait jusqu’ici sur une livraison à la mi-2013 pour cet appareil. “Nous sommes plus prudents” sur l’A350, a reconnu Hans-Peter Ring, le directeur financier de la maison mère EADS.

De son côté, Boeing connaît des problèmes récurrents avec son 787. Le constructeur américain a interrompu ses essais en vol après un incendie ayant conduit à l’atterrissage d’urgence de l’un de ses appareils.

Tout n’est pas noir pour EADS, qui a aussi revu à la hausse vendredi ses perspectives pour 2010, alors que se confirme le rebond du marché de l’aviation commerciale.

Airbus devrait cette année enregistrer jusqu’à 500 commandes brutes d’avions en 2010 – contre plus de 400 attendues jusque là – et “ses livraisons devraient être légèrement supérieures à 500”, un chiffre inédit. Et EADS a revu à la hausse sa perspective de résultat opérationnel, qui devrait atteindre “au minimum 1,1 milliard d’euros”, contre 1 milliard prévu jusqu’alors.