Défaut de paiement de 2001 : l’Argentine espère tourner la page 10 ans après

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ésidente argentine Cristina Kirchner au G20 le 11 novembre 2010à Séoul en Corée du Sud (Photo : Aly Song)

[16/11/2010 19:54:44] BUENOS AIRES (AFP) L’ouverture de négociations avec le Club de Paris, sans l’intermédiaire du FMI, permet à l’Argentine d’espérer boucler en 2011 le dossier de sa dette extérieure déclarée en défaut de paiement en 2001 et retrouver ainsi l’accès aux marchés internationaux.

En procédant à deux renégociations auprès de ses créanciers privés, en 2005 puis au début de cette année, le pays sud-américain a déjà soldé 93% de sa dette privée en défaut depuis 2001, qui avoisinait les 100 milliards de dollars avec les intérêts.

Les 7% restants sont entre les mains de fonds spéculatifs qui ont lancé des procédures judiciaires.

Il ne reste donc plus au gouvernement argentin qu’à régler les 7,5 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros) qu’il doit à ses 19 créanciers publics regroupés au sein du Club de Paris. Les deux principaux sont l’Allemagne et le Japon – 55% du total à eux deux-, selon des économistes argentins.

“En 2011, nous tournerons définitivement la page du défaut (de paiement), si nous trouvons un accord avec le Club de Paris. Il aura fallu une décennie pour y arriver”, a déclaré lundi soir la présidente argentine Cristina Kirchner.

“Le Club de Paris a accepté la position argentine de négocier la dette sans l’intervention du Fonds monétaire international”, avait-elle annoncé auparavant.

Le FMI est considéré par les autorités argentines comme coresponsable de l’effondrement économique argentin qui avait entraîné fin 2001 une grave crise sociale et des émeutes ayant fait une trentaine de morts.

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ésident argentin Nestor Kirchner à Puerto Iguazu le 30 novembre 2005 (Photo : Evaristo Sa)

Une crise institutionnelle avait suivi, cinq présidents se succédant entre le 20 décembre 2001 et le 6 janvier 2002.

C’est d’ailleurs pour ne plus traiter avec le Fonds que le prédécesseur et ex-mari de l’actuelle présidente Nestor Kirchner, décédé le mois dernier, avait réglé en une fois sa dette au FMI (9,5 milliards de dollars) en 2005.

Même si “aucun délai n’a été stipulé pour les négociations” avec le Club de Paris, selon une source gouvernementale, les marchés ont déjà réagi favorablement.

Le taux de risque pays de l’Argentine, établi par la banque JP Morgan, a chuté mardi de plus de 30 points pour s’établir à 497 points de base à la mi-journée, contre 594 mi-avril.

Le taux de rendement du “Bon global 2017”, considéré comme la référence si l’Argentine voulait de nouveau emprunter sur les marchés internationaux, a pour sa part chuté sous les 8%, autour de 7,76%.

Le gouvernement argentin est exclu de facto des marchés financiers depuis son défaut de paiement en 2001. En avril, avant le lancement du dernier échange de dette privée, il ne pouvait toujours pas emprunter à des taux inférieurs à 14%.

“Cela va entraîner une forte amélioration de la situation des bons argentins et va attirer des investissements”, estime Mario Blejer, ancien consultant du FMI, qui a également présidé la Banque centrale argentine en 2002.

“Cela change les perspectives. C’est un signe de rationnalité (…) même si de gros investissements ne vont peut-être pas arriver dans les mois à venir”, juge pour sa part l’économiste Miguel Bein, dirigeant du cabinet homonyme.

Les modalités du remboursement du Club de Paris “sont un des éléments de la négociation”, a précisé le ministre de l’Economie Amado Boudou, qui a écarté un remboursement en un seul versement.

“Je vous réponds déjà non”, a-t-il déclaré sur ce point.

La dette globale de l’Argentine s’élève à 147 milliards de dollars, soit un peu moins de 50% de son Produit intérieur brut (PIB). Les intérêts de la dette s’élèvent à environ 15 milliards de dollars par an.

L’Argentine devrait connaître une croissance proche de 8% cette année, selon les économistes privés.