La Chine s’attend à une hausse des taux pour combattre l’inflation

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à (Photo : Saeed Khan)

[17/11/2010 11:06:02] PEKIN (AFP) La Chine s’apprête à prendre des mesures encore non spécifiées pour endiguer l’inflation, selon son Premier ministre Wen Jiabao, alors que les experts anticipent une hausse des taux d’intérêt qui ralentirait la croissance de la deuxième économie mondiale.

La hausse des prix à la consommation s’est accélérée à 4,4% en octobre, et une nouvelle hausse des taux d’intérêt après la première en près de trois ans le mois dernier est redoutée par les marchés financiers.

Elle permettrait de mieux rémunérer les épargnants et de réduire la spéculation dans l’immobilier, notamment, tout en freinant l’expansion de la masse monétaire, potentiellement génératrice d’inflation.

“Une grande attention doit être accordée à l’offre, à la demande et aux prix parce qu’ils touchent aux intérêts fondamentaux du public”, a déclaré le Premier ministre Wen Jiabao, dans un communiqué mardi soir sur le site du gouvernement.

“Le Conseil des affaires d’Etat (gouvernement) élabore des mesures pour freiner la hausse excessive des prix”, a poursuivi le chef du gouvernement.

Pékin reconnaît que l’objectif de limiter la hausse des prix à 3% pour l’année 2010 sera difficile à tenir.

M. Wen a appelé “les responsables locaux à essayer d’assurer un approvisionnement fluide des marchés” et “à renforcer la supervision et la maintien de l’ordre sur les marchés”, selon le communiqué.

Selon le ministère du Commerce, les prix de 18 sortes de légumes dans 36 villes du pays avaient augmenté de 62,4% début novembre, par rapport à la même période de l’an dernier.

“La population trouve que l’inflation est beaucoup plus élevée” que 4,4%, a déclaré à l’AFP Chen Xingdong, économiste chez BNP Paribas basé à Pékin.

S’il n’exclut pas le recours en dernier ressort à des mesures de contrôle des prix sur certaines denrées, comme en 2007, cet analyste estime que “la hausse des taux d’intérêt n’est plus qu’une question de temps”.

“L’arme la plus importante contre l’inflation est de relever les taux”, souligne aussi Jianguang Shen, analyste chez Mizuho Securities basé à Hong Kong.

“Le risque d’inflation est très très sérieux” en Chine, selon M. Shen, pour lequel le phénomène n’est pas dû qu’à la hausse des prix alimentaires mais aussi à l’abondance de liquidités et aux hausses de salaire intervenues cette année.

Mais une hausse des taux risque de rendre encore plus difficile la lutte contre un afflux de capitaux spéculatifs en Chine, où les rendements sont plus intéressants que dans les pays développés. Toutefois, des mesures prises notamment dans l’immobilier “ont rendu le marché chinois beaucoup plus difficile pour les fonds spéculatifs”, selon Chen Xingdong.

Le ministre des Finances américain Timothy Geithner a affirmé mardi que la Chine risquait d’être confrontée à une accélération de l’inflation si elle ne laissait pas le yuan s’apprécier comme le demandent les Américains.

Si le cours du yuan n’augmente pas, “le fait que la Chine connaît une croissance très, très rapide… va se terminer en inflation ou aboutir à des bulles sur les prix des actifs”, selon M. Geithner.

L’économie chinoise est déjà confrontée à une abondance de liquidités. Le volume des nouveaux prêts à presque doublé l’an dernier pour atteindre 9.600 milliards de yuans, et le gouvernement aura du mal à les limiter comme prévu à 7.500 milliards de yuans.

Sur les dix premiers mois de l’année, le volume des prêts accordés à atteint 6.890 milliards de yuans, soit 92% de l’ojectif 2010.

Selon l’hebdomadaire Xin Shiji (Nouveau siècle), le gouvernement devrait réduire son objectif de volume de prêts 2011, dans une fourchette de 6.000 à 7.000 milliards de yuans.