On a longtemps parlé de la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) en tant qu’une réalisation ayant permis la stimulation de l’initiative privée auprès des jeunes. Mais a-t-on déjà parlé des success stories ? Créée en 2005, la BFPME a accompagné tout au long de ses cinq années d’existence les jeunes promoteurs tunisiens. Elle a su, en peu de temps, être une composante essentielle du paysage bancaire en Tunisie.
Au début, la banque finançait les projets en coordination avec les banques commerciales. Mais elle est actuellement en mesure de financer entièrement les projets dont le coût ne dépasse pas les 300 mille dinars. Elle accompagne les jeunes promoteurs dans le diagnostic et l’étude du projet, l’évaluation, le financement sans garantie réelle et la réalisation et le suivi du projet.
En termes de statistiques, rien que pour les neuf premiers mois 2010, 984 projets ont été approuvés, moyennant un coût de plus de 700 mille dinars. Le nombre de projets engagés s’élève à 518, pour un coût de plus de 300 mille dinars. Parmi les secteurs les plus sollicités, l’agroalimentaire, les IMCCV, les services, les industries mécaniques et métallurgiques, le textile et habillement, etc.
Un pari difficile…
«Etant elle-même une PME», indique son PDG Khelil Ammar, «le pari était difficile : créer une nouvelle institution qui aide les PME. Notre devise est de donner le maximum de crédits en moins de temps possible. Il en va d’ailleurs de la pérennité de la banque, à condition que ce soit des projets novateurs et des dossiers bien ficelés», ajoute-t-il. Pari donc difficile, mais il semble que la banque ait su le relever puisqu’elle a pu financer beaucoup de projets novateurs.
Et comme pour confirmer cette dimension bien particulière de la banque, une semaine portes ouvertes a été organisée dans le cadre de la semaine mondiale de l’entrepreunariat, au cours de laquelle beaucoup d’événements pour sensibiliser les jeunes et les futurs promoteurs aux mécanismes de financement, outils et formation dispensés par la BFPME. Le 12 octobre 2010, une séance fut consacrée à la présentation des success stories, au sein du nouveau siège de la banque.
Beaucoup de monde dans l’amphithéâtre de la banque. Parmi les présents, des étudiants, des promoteurs et des cadres de la banque au premier rang desquels M. Ammar, le PDG, et qui est intervenu au cours des débats. Ecouter un entrepreneur qui vous raconte le parcours de son projet est passionnant à plus d’un égard, de surcroît si son projet a réussi. Mais il est moins évident pour un futur promoteur de s’engager dans un parcours aussi long, surtout que les quatre entrepreneurs choisis sont plutôt d’âge moyen–la quarantaine– devant un public formé en majorité de jeunes.
Mais c’est là, nous indique Chiheb Kooli, PDG de CK Métrologie, un atout puisqu’un jeune promoteur ne démarre pas forcément son projet à sa sortie de l’école. «Travailler pendant quelques années dans une entreprise assure au jeune promoteur une résistance morale…. Ceci lui permet de s’adapter au milieu du travail, d’avoir des références réelles qui lui permettent de bien étudier le marché et savoir comment surmonter les différentes difficultés dans la création de son projet», affirme-t-il.
Selon lui, un jeune diplômé qui se lance directement vers la création de sa propre entreprise serait plus vulnérable et immature quant à la gestion des risques et des obstacles auxquels il sera confronté. M. Kooli, qui a créé son projet en juillet 2006, souligne avoir la chance de le démarrer avec la création de la BFPME. «Ce que je peux recommander aux jeunes promoteurs est de prendre le temps qu’il faut dans l’étude du projet. Il faudrait aussi mettre les scénarios les plus pessimistes possibles afin de prévenir les imprévus», conseille-t-il.
Répondre aux besoins du marché…
De son côté, Ahmed Ernez, PDG de Biome Solar, a appelé à être vigilant aux mouvements du marché. Il affirme que son projet est né suite à une constatation : le marché est demandeur de chauffe-eaux solaires. Lancé en septembre 2006, l’entreprise est une joint-venture avec une société allemande spécialisée dans la commercialisation des chauffe-eaux solaires. Preuve de réussite, la part de marché de sa société atteindrait 15 à 17% en 2010, et il compte étendre son projet par la création d’une autre unité de production en 2011.
Mais le témoignage le plus surprenant était celui d’Abdel Malek Ghannam, PDG de SOIB. De formation académique en communication, il était enseignant universitaire. Sa société, spécialisée dans le bâtiment, c’est la concrétisation d’un rêve. Etant fonctionnaire de l’Etat, il a pris un congé pour la création de son entreprise. Le produit qu’il commercialise est assez novateur en Tunisie, à savoir de blocs de terres comprimés qui remplace les blocs traditionnels qu’on utilise dans la construction.
«C’était pour moi un rêve. Alors que j’étais un salarié de l’Etat, bénéficiant de la sécurité financière, je me suis lancé dans l’aventure. Une aventure bien calculée, par ailleurs, parce que pour lancer un projet, il faut que l’idée soit assez innovante pour garantir sa réussite sur le marché. Il faut aussi que le promoteur croie en son idée, et œuvre à la concrétiser convenablement», lance-t-il.
Entreprendre, une démarche calculée…
Ce genre de témoignage prouve que l’entreprenariat est un état d’esprit et non une démarche imposée. On a beau vanter les avantages de la création d’entreprises auprès des jeunes, spécialement les jeunes diplômés du supérieur, comme une solution à la problématique de l’emploi. Mais tout le monde ne peut pas être entrepreneur ! L’entreprenariat doit être une démarche calculée. «Il est important de savoir, dès le début, si on a envie d’entreprendre. D’ailleurs, le meilleur moment de le savoir est durant la période des études, alors que l’étudiant n’est pas encore sous pression. Il a le temps de faire des stages, de travailler temporairement dans des sociétés. Il a également le temps d’élaborer son ou ses idées de projet, d’observer le marché, etc.», recommande M. Ammar aux jeunes présents.
Un promoteur doit aussi prendre conscience qu’il aura des difficultés à mettre sur pied son projet. L’étude est une étape essentielle à laquelle il faudrait consacrer la majorité de son temps. «80% du temps doit être alloué à la conception et à la formulation du projet», indique M. Ghannam, qui affirme que son étude de projet a consommé trois années. Il faudrait prendre également conscience de la lourdeur administrative. M. Kooli affirme qu’il a dû attendre six mois pour avoir son permis de construire dans la nouvelle zone industrielle de Chotrana. Mais ce genre d’obstacles ne devrait pas décourager les jeunes entrepreneurs.
Prendre conscience des difficultés…
Du côté du financement, le promoteur doit mettre en tête que le recours à la BFPME est un premier pas vers la réalisation de son projet. Celle-ci l’accompagne dans le recours aux banques commerciales pour avoir les crédits de gestion, indispensables à la pérennité de toute entreprise, grande, moyenne ou petite. Faire appel aux SICAR et au FOPRODI est aussi indispensable pour renforcer les fonds propres de l’entreprise, souligne Farès Ghannouchi, PDG de la société avicole Essouassi. M. Ernez lance cependant un reproche à l’égard de ces deux mécanismes, dont la libération des crédits ne peut s’effectuer qu’après une année du démarrage du projet.
Dans son intervention, M. Ammar souligne également que le jeune promoteur ne doit jamais se focaliser sur le financement, au début. «il faut penser à l’idée, observer et constater. Il faudrait également prendre conscience des difficultés, mais je vous assure qu’elles sont les mêmes partout dans le monde. La principale difficulté dans la création d’une PME est que le promoteur fait tout. Il assure tout le travail et il n’a pas le droit à l’erreur. Mais sur ce plan, je vous assure que la BFPME vous accompagnera tout au long du processus de création mais aussi dans la mise sur pied de votre projet», affirme-t-il.
Entreprendre n’est-il pas aussi évident que ça ? L’entrepreneur doit être un passionné mais aussi un aventurier. «I have a dream !», lance M. Ghannam, reprenant un certain King. Un rêve qu’il a concrétisé malgré tous les obstacles. Il suffit juste de croire en son idée et en soi-même.
déjà 92 bureaux d’emploi en Tunisie, soit une moyenne de 4 ou 5 bureaux par gouvernorat. Sachant que l’objectif est de couvrir les délégations éloignées des bureaux d’emploi les plus proches », ajoute-t-il.