Irlande : une mission d’experts pour convaincre le pays d’accepter l’aide européenne

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à Bruxelles le 17 novembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

[18/11/2010 10:03:02] DUBLIN (AFP) Des experts européens et du Fonds monétaire international entament jeudi une délicate mission à Dublin, afin de convaincre une Irlande très jalouse de son indépendance d’accepter un plan de sauvetage international de ses banques, dont l’endettement astronomique menace l’UE.

Soucieux d’éviter les atermoiements qui avaient accentué il y a six mois la crise grecque, avec un pays menacé de faillite et une zone euro déstabilisée, l’Union européenne et le FMI veulent cette fois-ci prendre le taureau par les cornes et s’attaquer au problème irlandais avant qu’il ne se propage au reste de l’Union monétaire.

L’ancien “Tigre celtique”, qui se relève difficilement d’une sévère récession, est plombé par un déficit record (32% de son produit intérieur brut cette année) en raison des quelque 50 milliards d’euros que le gouvernement a dû injecter dans les banques de l’île, durement touchées par l’éclatement d’une bulle immobilière.

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ège de la Banque d’Irlande à Dublin le 15 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

Mais cette recapitalisation n’a pas été suffisante et les instituts irlandais peinent à trouver de l’argent frais sur les marchés, provoquant de sérieuses turbulences dans toute la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a apporté d’importantes liquidités mais elle ne peut le faire indéfiniment et une solution à plus long terme est nécessaire, souligne l’UE.

Ainsi, une décision de principe pour débloquer des prêts européens et du FMI a déjà été prise à Bruxelles mais le gouvernement irlandais rechigne à un geste largement perçu au sein de la population comme une humiliante perte de souveraineté. “Les pères fondateurs de la République vont se retourner dans leurs tombes”, écrit l’Irish Examiner.

Les Irlandais, des eurosceptiques qui ont par deux fois rejeté des traités européens, craignent en particulier que Bruxelles les contraigne à renoncer à leur fiscalité très avantageuse pour les sociétés (12,5%), une incitation à la base du “miracle” économique celtique.

La mission d’experts réunit des spécialistes de l’UE, de la BCE et du FMI. Le plus grand secret a été maintenu sur le déroulement et la durée de la visite.

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éficit et dette publics de l’Irlande de 2006 à 2009, selon Eurostat

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a simplement précisé mercredi que les discussions seront techniques et porteront sur la situation budgétaire de l’Irlande, qui s’apprête à annoncer un sévère plan d’austérité sur quatre ans, et sur le besoin de restructurer ses banques.

Le gouverneur de la Banque centrale irlandaise, Patrick Honohan, a dit “s’attendre” à ce qu’un prêt “de dizaines de milliards” d’euros soit entériné, afin de “donner l’assurance aux investisseurs que les banques ont les ressources adéquates”.

Mais “c’est une décision politique”, a-t-il averti.

Le Premier ministre irlandais Brian Cowen assure qu’il n’a pas encore demandé l’aide de Bruxelles. “Nous n’avons pas décidé de faire une proposition, parce que nous devons décider quelle est la meilleure option et c’est toute la discussion” qui s’engage jeudi, a-t-il précisé mercredi soir.

“C’est urgent, nous le savons, mais il faut aussi tenir compte de nos propres intérêts”, a-t-il rappelé.

“Nous devons stabiliser le système (bancaire) et si cela nécessite l’aide de nos partenaires dans la zone euro, nous accepterons cette aide”, a cependant précisé le ministre des Finances Brian Lenihan.

Dublin fait l’objet de nombreuses pressions de ses partenaires de la zone euro pour qu’il accepte le plan. “Je crois qu’on n’arrivera pas à sortir de cette situation sans avoir une aide européenne”, a indiqué mercredi le ministre des Finances belge Didier Reynders.

Le gouvernement irlandais pourrait cependant repousser son acceptation d’un plan international, mal perçu dans l’opinion publique, à l’après législative partielle de jeudi prochain, dans laquelle son candidat est en difficulté.