Système monétaire mondial : Strauss-Kahn a des idées mais n’est pas pressé

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à Alger (Photo : Fayez Nureldine)

[19/11/2010 07:29:29] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international et son directeur général Dominique Strauss-Kahn ont des idées pour réformer le système monétaire mondial, mais ne sont pas pressés, contrairement au président français Nicolas Sarkozy, qui cherche des avancées au sein du G20 dès 2011.

La France a fait de la réforme du système monétaire international l’une des priorités de sa présidence du groupe des pays riches et émergents du G20. Au sommet prévu à Cannes en novembre 2011, elle s’attend à être jugée sur ses résultats.

MM. Sarkozy et Strauss-Kahn ont eu l’occasion d’échanger leurs points de vue sur la question lors d’une recontre à l’Elysée mercredi.

A l’issue de cette entrevue, le directeur du FMI exprimait ce que certains verront comme des doutes, d’autres comme un encouragement : “Le programme tel qu’il se dessine est un programme ambitieux”.

Le FMI n’a pas le même sens de l’urgence. Régulièrement, M. Strauss-Kahn soutient que le système monétaire centré autour du dollar est loin d’être désuet.

“Apparemment le dollar est toujours la monnaie de réserve la plus importante, et la devise à laquelle les gens font confiance au final”, déclarait-il dans un entretien publié jeudi par l’hebdomadaire allemand Stern.

“Nous irions mieux, bien sûr, si nous développions un système avec plusieurs monnaies de réserve : l’euro, le yen, peut-être même le yuan chinois ou les Droits de tirages spéciaux du FMI (…) Un tel système serait meilleur. Mais la réalité a l’air assez différente”, signalait-il.

M. Strauss-Kahn peut compter sur l’expertise de ses fonctionnaires internationaux quand il affirme que le FMI a pour rôle “de servir de boîte à outils au G20″. A l’issue du sommet de Séoul, le 12 novembre, les pays du groupe ont demandé au FMI d'”approfondir son travail” sur le sujet.

Il est déjà avancé.

En novembre 2009, trois de ses économistes avaient esquissé les directions que pourrait prendre ce qu’ils appelaient le “non-système” actuel. Leur conclusion : des remèdes prudents à ses défauts valent mieux “qu’un changement rapide, radical, aux conséquences imprévisibles”.

En avril, le département du FMI chargé de la stratégie avait exploré quelques pistes. Parmi elles, il portait un jugement sévère sur le “système multipolaire” qui semble avoir les faveurs de M. Sarkozy. Il ne trouvait “pas évident qu’un système de réserve plus diversifié constitue une amélioration”.

Il préférait la très vieille idée de l’économiste anglais John Maynard Keynes de créer une nouvelle monnaie, le bancor, “émise par une banque centrale mondiale”.

Le choix était laissé aux Etats membres. Ceux-ci n’ont que peu progressé depuis.

En octobre, dans un rapport d’étape, les 24 pays et groupes de pays du conseil d’administration constataient qu’il n’y avait “pas de solutions faciles”. Leur seule proposition fut de pousser la réflexion sur une proposition lancée par la Chine en mars 2009, à savoir de renforcer le rôle des Droits de tirage spéciaux (DTS), l’unité de compte du Fonds.

Créé en 1969 pour avoir un actif de réserve à côté de l’or et du dollar, cet instrument quasi monétaire n’a jamais connu qu’un succès limité aux banques centrales. Et le FMI doute qu’il puisse avoir un autre rôle.

Les propositions de la France sont donc très attendues, dans un monde où, d’après les mots de M. Strauss-Kahn, “beaucoup de pays se servent des monnaies comme d’une arme politique”.