Aide à l’Irlande : les négociations entrent dans le vif du sujet

photo_1290161693807-1-1.jpg
à Dublin le 18 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

[19/11/2010 10:19:23] DUBLIN (AFP) Après une journée de discussions techniques, des experts européens et du FMI entrent vendredi à Dublin dans le vif de négociations sur un vaste plan de secours destiné à assainir les banques irlandaises, au coeur d’une tempête financière qui menace toute l’Europe.

Des spécialistes du FMI, de l’UE et de la Banque centrale européenne (BCE) sont arrivés dès jeudi matin dans la capitale irlandaise. Mais les négociations formelles commencent vendredi, a expliqué à Washington la directrice des relations extérieures du FMI, Caroline Atkinson, ajoutant qu’une douzaine d’experts du Fonds devait rejoindre vendredi leurs collègues déjà sur place.

Au total, une trentaine de spécialistes sont réunis à Dublin, selon les médias.

La mission a pour objectif “d’étudier des mesures qui pourraient assurer la stabilité financière”, a indiqué Mme Atkinson. Les discussions portent également “sur les programmes budgétaires du gouvernement”, au moment où Dublin met la dernière main à un nouveau plan d’austérité qui vise à économiser 15 milliards d’euros sur quatre ans.

Selon l’Irish Times, les tractations portent aussi sur la possibilité de réduire la taille des banques irlandaises, en vendant des actifs non stratégiques avec une garantie du FMI et de l’UE pour attirer les acquéreurs.

photo_1290161877544-1-1.jpg
à Bruxelles le 17 novembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

Jeudi, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, Patrick Honohan, a dit “s’attendre” à “un prêt de dizaines de milliards” d’euros. Les chiffres les plus souvent évoqués vont de 40 à 100 milliards d’euros, soit un montant inférieur au prêt de 110 milliards d’euros dont a bénéficié il y a six mois Athènes.

Tenant à se distancer de la situation de quasi-faillite dans laquelle se trouvait alors la Grèce, l’Irlande souligne qu’elle n’a pas besoin d’un plan d’urgence, mais seulement d’un “fonds de prévoyance significatif” dans lequel Dublin pourrait puiser pour soutenir ses banques, a expliqué jeudi le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan.

Les instituts de prêt irlandais, durement touchés par l’éclatement d’une bulle immobilière, ont déjà été renfloués à hauteur d’une cinquantaine de milliards d’euros par l’Etat, propulsant le déficit public à un niveau astronomique (32% du Produit intérieur brut cette année).

Mais la recapitalisation n’a pas été suffisante et les banques irlandaises ont encore toutes les peines à se refinancer au niveau international, provoquant d’importantes turbulences sur les marchés.

Soucieux d’éviter une contagion à la zone euro, tout comme les atermoiements qui avaient aggravé la crise grecque, UE et FMI veulent cette fois-ci prendre les devants et résoudre le problème irlandais au plus vite.

Le gouvernement irlandais rechigne cependant à accepter l’aide de l’extérieur, mal perçue par une opinion publique qui défend bec et ongles une indépendance chèrement acquise.

“Humiliés”, titre vendredi l’Irish Daily Mail. “La liberté perdue”, écrit l’Irish Sun, tandis que l’Irish Examiner publie une “Déclaration de dépendance”, fabriquée à partir de la proclamation d’indépendance de 1916.

Largement eurosceptiques, les Irlandais craignent en particulier que Bruxelles ne les contraigne à renoncer à leur fiscalité très avantageuse pour les sociétés (12,5%), qui a alimenté le “miracle” économique celtique.

Ils redoutent également que le FMI, à la réputation impitoyable, impose une austérité encore plus sévère que celle qu’ils subissent déjà. “Le FMI arrive : réductions de salaires et suppressions d’emplois pour les fonctionnaires”, affirme en Une l’Irish Independent.

Les tractations devraient durer “un certain nombre de jours”, a dit jeudi le secrétaire d’Etat irlandais à l’Europe, Dick Roche.