L’épargne des ménages est en progression régulière. Ces deux dernières années, elle a nettement décroché, en passant, à un taux de croissance à deux chiffres. Convoitée par les banques, pour sa stabilité, elle est devenue l’enjeu d’une vaste mêlée marketing.
L’épargne des ménages est recherchée par les banques, car c’est une ressource stable qui leur permet de conduire leur travail d’intermédiation. Etant une ressource «captive» l’épargne assure un bon adossement des crédits sans tomber dans la transformation. Ce travers du métier, incorpore les dépôts à vue, ce qui peut exposer les banques à un risque de volatilité, risque peu probable avec l’épargne.
Rémunération de l’épargne : les taux libres
La rémunération de l’épargne a toujours fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités monétaires. Auparavant, le TRE (Taux de rémunération de l’Epargne) était figé à TMM-2%, ce qui, au Taux du Marché Monétaire actuel, donnerait
4,5%-2= 2,5%. Et, pour mieux inciter l’épargnant à «maintenir son dépôt, le banquier accordait, en sus du TRE une prime de fidélité si le solde est «gelé» au-delà de deux ans. De la sorte, les banquiers convertissaient les dépôts en placement. Quand bien même les intérêts étaient capitalisés, renchérissant un peu le coût, l’épargne était une ressource bon marché par rapport aux autres placements. Depuis bientôt deux ans, et dans le cadre de la libéralisation de la politique monétaire, le taux de l’épargne a été «affranchi». La BCT fixe un plancher, celui de TMM-2% et le plafond est à négocier par le client et son banquier.
La carte vs le livret
D’autres assouplissements ont accompagné cette mutation de l’épargne. Nous citerons les conditions de versement et de retrait. Les dates de valeurs pour ces deux opérations ont été ramenées à 7 jours au lieu de quinze, ce qui est de nature à favoriser le client en améliorant les intérêts. De surcroît, les intérêts deviennent trimestriels et non plus annuels et par conséquent, cela renforce le bénéfice de leur capitalisation.
Par ailleurs, la BCT a autorisé les banques à délivrer une carte monétique au lieu du traditionnel livret. La carte étant «on line», elle permet de retirer de l’argent à hauteur du solde à partir des DAB. Elle confère au compte épargne, un statut privilégié par rapport au compte chèque avec des souplesses équivalentes. Mais à ce jour, une seule banque de la place a communiqué sur la mise en circulation de la carte et c’est, à notre connaissance, l’ATB.
La croissance de l’épargne : une tendance lourde
A l’examen, on observe que les dépôts d’épargne constituent le bloc le plus important des ressources clientèle du système bancaire. L’épargne surclasse les dépôts à vue et à terme!
Ainsi qu’on peut le voir dans le tableau suivant, les ressources d’épargne confortent leur avance :
On comprend dès lors l’importance du gisement des ressources d’épargne dans la dynamique de développement commercial des banques.
La mêlée marketing
Les banques cherchent, toutes, à appeler l’épargne. Le plus gros du bataillon se contente de petites actions sporadiques de publicité. Peu d’enseignes ont arrêté une véritable stratégie de conquête de l’épargne. Elles sont passées à l’action avec des actions d’envergure. Certaines sont percutantes. Des banques ont lié les souscriptions à des jeux de loterie avec des «prix» conséquents comme des voitures ou des voyages ainsi que des dotations en argent. C’était le cas pour la BIAT, l’ATB et Attijari, Amen Bank notamment.
Tout récemment, l’ATB a communiqué abondamment sur une offre de majoration du taux de rémunération de 20% si le solde était augmenté de 30% pendant le quatrième trimestre 2010.
Toute cette effervescence autour de l’épargne témoigne bien de l’importance de cette ressource outre qu’elle permet aux banques qui s’activent autour de la question d’avoir une présence médiatique prolongée sans agacer l’opinion. Et ça c’est bien vu. Et, ça rapporte gros en termes de notoriété.