L’inquiétude perdure sur les marchés, malgré le plan irlandais

photo_1290455656946-1-1.jpg
à Dublin, le 19 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

[22/11/2010 19:57:45] PARIS (AFP) Le plan de sauvetage de l’Irlande n’a apporté qu’un répit éphémère aux marchés qui, après une courte détente, ont à nouveau clôturé en repli lundi, inquiets des répercussions de la crise sur les autres pays fragiles de la zone euro et des turbulences politiques à Dublin.

L’euro a continué de baisser face au dollar et valait lundi soir 1,3614 dollar, contre 1,3673 dollar vendredi à 22H00 GMT.

Signe de la défiance des marchés, les taux des obligations irlandaises, qui s’étaient détendus lundi matin, avaient retrouvé lundi soir un niveau de 7,86%, proche de celui enregistré vendredi soir (7,90%).

Pour emprunter sur les marchés, l’Irlande doit payer plus de 5 points de plus que l’Allemagne.

Les Bourses, qui avaient accueilli dès le début avec prudence l’accord de l’Union européenne et du Fonds monétaire international pour venir en aide à Dublin, ont toutes terminé en baisse, par crainte d’une contagion de la crise.

Madrid a été la principale victime: l’indice Ibex-35 a perdu 2,68%, la plus forte chute des places européennes. Dublin a cédé 1,49%, tandis que Londres abandonnait 0,91%. Après des ouvertures en nette hausse, Paris a clôturé sur un recul de 1,07% et Francfort a cédé 0,32%.

L’UE et le FMI se sont mis d’accord dimanche soir pour aider l’Irlande et son système bancaire en crise, en acceptant le principe d’une aide de 80 à 90 milliards d’euros sur trois ans.

Mais ceci n’a pas suffi à rassurer les marchés. Le scénario de la crise grecque, qui les avait fait chuter il y a six mois, revient les hanter avec l’Irlande. Les investisseurs craignent la contagion aux autres pays considérés comme des maillons faibles de la zone euro, Portugal et Espagne principalement.

Les turbulences politiques à Dublin n’ont pas contribué à arranger la situation.

“Ce qui semblait acquis ce matin (Ndlr, le plan de sauvetage pour les banques irlandaises) l’est beaucoup moins cet après-midi”, a expliqué Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.

Le Premier ministre irlandais Brian Cowen a annoncé en début de soirée qu’il dissoudra le Parlement après le vote du budget.

Son gouvernement semblait lundi au bord de l’implosion, après que les Verts, membres clefs de la coalition au pouvoir, ont appelé à des élections anticipées à l’issue très incertaine.

L’agence de notation financière Moody’s a prévenu lundi qu’elle allait probablement abaisser de plusieurs crans la note souveraine de l’Irlande, en raison du poids considérable de sa dette publique et des incertitudes économiques.

Les déclarations des dirigeants du Portugal ont également attisé les inquiétudes, selon M. Pichard.

Le Premier ministre portugais José Socrates a assuré lundi que son pays “n’a besoin d’aucune aide” pour surmonter ses difficultés financières, affirmant qu'”il n’y a aucun rapport entre le Portugal et l’Irlande”.

L’Espagne avait dès la semaine dernière tenté de rassurer les marchés de façon similaire, la ministre de l’Economie Elena Salgado estimant qu’il n’y avait “absolument aucune raison” de comparer l’Irlande avec l’Espagne. “Nous nous finançons pratiquement au même taux que l’Italie, et beaucoup mieux que l’Irlande, le Portugal et bien sûr la Grèce”, avait fait valoir Mme Salgado.

“Quand les dirigeants se mettent à faire de telles déclarations, les marchés deviennent méfiants”, a souligné M. Pichard.

Sur le marché obligataire, les rendements portugais à 10 ans ont continué à se tendre à 6,523%. Même tendance sur les taux longs espagnols qui se sont inscrits à 4,731%.