De nouveaux éléments militent en faveur d’une solution au problème de l’endettement des hôteliers, un endettement lourd qui a plombé, des années durant, le secteur. Administration, professionnels et créanciers ont décidé de s’attaquer à ce mal endémique dont souffre le secteur et de prendre des initiatives viables.
Un mot d’abord sur ces fameuses créances douteuses. Selon nos informations, celles-ci avoisineraient les 3.500 millions de dinars dont un milliard de crédits non performants et litigieux. Sur un total de 800 hôtels que compte le pays, 120 sont concernés dont 80 sérieusement affectés. Plus de 50% des entreprises en difficulté, en Tunisie, sont des unités hôtelières.
Pour revenir aux initiatives, la première est à l’actif de l’administration. Au cours d’un récent conseil ministériel, le chef de l’Etat a ordonné l’élaboration d’un programme spécial de restructuration financière des entreprises touristiques qui souffrent de problèmes structurels chroniques. Mieux, il a insisté pour qu’une solution définitive soit trouvée, d’ici fin 2012, aux entreprises en incapacité financière.
Réagissant à la décision présidentielle de trouver une solution définitive aux entreprises en difficultés financières, M. Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), a déclaré «qu’une telle disposition va dynamiser le secteur et lui donner un nouveau souffle».
La deuxième initiative est prise par la profession qui a formulé, pour la première fois, des propositions crédibles.
M. Belajouza a annoncé que certains professionnels ont proposé de convertir les hôtels qui connaissent des difficultés structurelles difficiles à surmonter en hôtels d’application et en centres privés de formation.
Est-il besoin de rappeler, ici, que la situation de certaines unités hôtelières est parfois insurmontable. Il y a quelques mois, M. Belajouza déclarait que seulement douze hôteliers sur une centaine lourdement endettés ont fait état de leur disposition à régler leurs créances et à honorer leurs engagements.
Il faut reconnaître que les crises à répétition qu’a connues le secteur depuis dix ans (attaques du 11 septembre 2001, attentat de Djerba 2002, guerre du Golfe en 2003, crise économique de 2009) n’ont pas favorisé la croissance et la rentabilité des unités hôtelières.
Un grand nombre d’hôteliers ont réagi diversement à ces chocs exogènes. Certains ont vendu leurs hôtels tandis que d’autres ont opté soit pour la location gérance, soit pour la mise en faillite, soit pour l’ouverture seulement durant la haute saison.
Conséquence: à force d’agir sur les coûts (suppression des postes et recherche à tout prix du gain par les gérants), la mauvaise qualité du service -mal endémique du tourisme tunisien- est devenue, hélas, une tradition bien ancrée dans nos hôtels.
La troisième initiative est du ressort des créanciers. Ces derniers sont, pour la plupart, des banques publiques, la Société tunisienne de banque (STB) et la Banque nationale agricole (BNA).
A titre indicatif, la STB, qui a hérité d’une lourde ardoise de crédits non-performants de la Banque nationale de développement touristique (BNDT) et de la Banque nationale de développement économique de la Tunisie (BDET), a décidé de vendre une dizaine d’hôtels dans le capital desquels elle détient des participations.
L’objectif des banques publiques est désormais de se concentrer sur leur propre métier.