Après l’annonce de l’accord de cession de la totalité de la part d’Orascom Telecom Holding (50%) dans le capital de Tunisiana pour 1,2 milliard de dollars, ce qui valoriserait Djezzy à 7 milliards de dollars en utilisant le même multiple EBITDA, les autorités algérienne n’ont pas tardé à réagir en réaffirmant leur volonté irréversible de nationaliser Djezzy, selon des déclarations rapportées par le journal algérien L’Expression.
La  transaction sur les titres Tunisiana, si elle est confirmée (réalisation prévue pour janvier 2011), constituera une référence du marché et ne peut être ignorée par les équipes d’évaluation du dossier Djezzy. La référence PRIX de cette transaction sera certainement utilisée par le groupe égyptien Orascom, surtout qu’elle correspond à son prix objectif pour céder Djezzy (7 milliards de dollars US). Sachant qu’il s’agit, également, de marchés relativement similaires avec probablement un potentiel de développement plus important pour le marché algérien.
Cette transaction aura-t-elle pour autant un impact décisif sur l’évolution de l’affaire Djezzy et sur la position des autorités algériennes ?…Pas si sûr.
Les dessous de cette affaire Djezzy semblent plus compliqués et les autorités algériennes ne sont pas forcément pressées de régler cette affaire, ce qui n’est pas le cas d’Orascom Telecom Holding. Du côté algérien, rien n’interdit qu’on jouera d’éternels prolongations pour faire fléchir OTH, en laissant pourrir la situation d’OTA pour les avoir à l’usure et les amener à négocier aux conditions des autorités algériennes; même si Djezzy a fait, jusque là preuve d’un bon niveau de résistance à toutes les difficultés (difficultés de lancer de nouvelles offres, ou de nouvelles promotions, difficultés à acheter des équipements de l’étranger ou même de faire de la pub sur les chaînes nationales). Au 30 septembre 2010, le nombre de ses abonnés à progresser de 1,3% (à 14.919.031), mais sa part de marché a reculé de 5% (à 57,9% contre 62,9% une année auparavant), son chiffre d’affaires consolidé a baissé de 8,9% et son EBITDA a enregistré une baisse de 13,2%.
Le scénario qui semble, actuellement, le plus probable, c’est une poursuite de pressions sur Djezzy, notamment en utilisant l’arme des redressements fiscaux, après le redressement de 600 millions de US$ pour les exercices 2005-2006-2007 et celui de 230 millions de US$ pour les exercices 2008-2009, il est probable qu’elle face l’objet d’un 3e redressement en 2011 au titre de l’exercice 2010. L’autre arme qui a été évoquée par les autorités algériennes c’est celle de la possibilité de ne pas renouveler la licence GSM à l’échéance.
Reste pour Orascom Telecom Holding la possibilité de recourir à l’arbitrage international, chose qui a été clairement évoquée par le management d’OTH, mais il s’agit là d’une procédure qui prendra des années et qui ne jouera probablement pas en faveur du groupe égyptien. D’ailleurs, les autorités algériennes ont averti que l’affaire Djezzy relève de la justice algérienne et que les responsables d’OTH n’ont pas intérêts à l’outrepasser.
L’effet Djezzy a donc visiblement joué à plein dans l’évolution de la structure du capital de Tunisiana ; mais ne sera pas forcément le cas d’un éventuel effet Tunisiana sur le dossier Djezzy.