L’accentuation des plans d’austérité met la zone euro sous tension

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à Dublin le 22 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

[24/11/2010 14:23:41] PARIS (AFP) La zone euro, confrontée à de nouveaux tours de vis budgétaires, connaît mercredi une nouvelle période de tensions: de l’Irlande, qui présente un plan drastique d’économies, au Portugal paralysé par une grève générale, en passant par la France attendue sur ses objectifs de réduction de la dette.

Après la crise de la dette grecque au printemps dernier, c’est au tour de l’Irlande, qui croule sous les dettes après le renflouement de ses banques, de semer le trouble en Europe.

Investisseurs et décideurs craignent à nouveau une contagion à d’autres pays fragilisés, en premier lieu le Portugal, en pleine grève générale, dont le gouvernement se voit contraint d’adopter une politique d’austérité, comme la Grèce il y a quelques mois ou l’Irlande actuellement.

A Dublin, le gouvernement, au bord de l’implosion, dévoilera mercredi après-midi un plan de rigueur draconien visant à diviser par dix son déficit d’ici à 2014, pour le faire passer à 3% du PIB contre un record de 32% cette année.

Après une baisse déjà des allocations chômage et familiales, ainsi que d’importantes suppressions d’emplois publics, le nouveau plan de rigueur veut aller encore plus loin, en réduisant le salaire minimum.

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à Lisbonne (Photo : Sara Matos)

Ce plan est présenté comme la condition à l’octroi d’une aide financière internationale, apportée comme pour la Grèce par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) et dont le principe a été acté dimanche.

Le montant de l’aide atteindrait 85 milliards d’euros (113,7 milliards de dollars). Il comprendrait l’imposition d’une taxe sur les banques à l’origine de la crise, selon les médias irlandais.

Au Portugal une grève générale paralysait mercredi les secteurs des transports, de l’éducation, de la santé et affectait les grandes entreprises. Le Parlement doit voter vendredi le budget 2011 devant permettre de ramener le déficit public de 7,3% en 2010 à 4,6% l’an prochain grâce notamment à des réductions de salaires et des hausses d’impôts. Ces mesures sans précédent, censées apaiser les marchés financiers, ne pourraient cependant pas suffire pour éviter à Lisbonne de faire appel également à l’aide du FMI et de l’UE.

En France, le Premier ministre François Fillon, récemment reconduit à son poste, présentait mercredi devant le Parlement les priorités de son nouveau gouvernement, notamment une vaste réforme fiscale, avant de se soumettre à un vote de confiance des députés qui ne devrait toutefois lui poser aucun problème.

M. Fillon devrait marteler sa volonté inextinguible de “réduire les déficits et la dette”. Le budget 2011, en cours d’examen par le Parlement, prévoit une cure d’économies pour ramener en 2011 le déficit de l’Etat de 152 à 92 milliards d’euros. La Grèce, premier pays touché par la crise dans la zone euro, a annoncé mardi qu’elle allait adopter de nouvelles mesures de rigueur.

La Grande-Bretagne n’est pas épargnée par les tensions. Une journée d’action devait avoir lieu mercredi par les étudiants qui dénoncent le triplement des frais d’inscription à l’université. Une précédente manifestation d’étudiants avait dégénéré le 10 novembre à Londres en face à face violent avec les forces de l’ordre.

Signe de cette nervosité, l’euro était en baisse à 1,3335 dollar vers 11H10 GMT, contre 1,3364 mardi soir. Le marché de la dette en Europe était également très tendu avec de nouveaux records à la hausse, notamment les taux des emprunts obligataires espagnols.