«Lella H’lima» est la nouvelle station touristique qui sera réalisée par la Société d’Etudes et de Développement Touristique du Sud «SODET-SUD» et sera édifiée à 15 km au nord de la ville de Zarzis, ville côtière du sud-est tunisien, située à 500 km de Tunis. Cette nouvelle station se veut innovante et se propose, à travers sa dimension de projet structurant, de tirer par le haut cette sous-région et d’y stimuler tourisme et autres activités économiques connexes.
Pour d’amples éclairages sur ce projet, nous avons interviewé Yacine Gana, ingénieur et directeur général de la SODET-Sud. Entretien.
Webmanagercenter: Présentez aux lecteurs votre société et le projet «Lella H’lima»?
Yacine Gana: La Société d’Etudes et de Développement Touristique du Sud s.a. (SODET-SUD) a été créée le 8 mars 2001 suite à la décision du président Ben Ali de maîtriser la situation foncière sur le littoral de Zarzis, afin d’y créer une zone touristique. Cette décision a été prise lors d’un Conseil ministériel restreint, tenu le 18 août 1998 à Djerba. La SODET-SUD -dont le siège social est basé depuis peu à Tunis et disposant d’un bureau à Zarzis, sur le site même du projet- a pour objet les études et l’aménagement de zones et de stations touristiques intégrées dans le sud tunisien.
Au départ, le capital de la SODET-SUD était de 3 millions de dinars avant de passer à 4,5 millions en 2005, puis à 6,5 millions en 2006. Aujourd’hui, il est en passe d’atteindre les 10,5 millions de dinars.
L’actionnariat de la société est composé de banques, de Sicars et d’autres sociétés (assurances, télécoms, BTP, tourisme, etc.), ainsi que de privés.
Le projet «Lella H’lima» à Zarzis est le premier que réalise la SODET-SUD. Il couvre une superficie de 100 ha d’oasis maritime sur une côte de 3,8 km, avoisinant la zone touristique projetée de «Lella Meryem» et le village de «Hassi-Jerbi».
La région se caractérise par son micro climat doux, un ensoleillement de 10 mois par an, ses plages, à la fois sablonneuses et rocheuses, ainsi que son couvert végétal d’oasis maritimes.
La nouvelle station, dans sa totalité, abritera 15.000 personnes avec des investissements globaux de l’ordre de 2 milliards de dinarset créera 6.000 emplois.
Une fois achevée, la station se distinguera par la diversité et la complémentarité de ses composantes :
– Hôtels, appart hôtels et hôtels de charme ;
– Résidences individuelles, jumelées et collectives (cité méditerranéenne, cité des seniors, cité jardin, etc.) ;
– Corniche piétonne équipée (parsemée d’animation), sans oublier l’animation du plan d’eau (sur pilotis) ;
– Commerces, animation et services (restaurants, cafés, discothèques, clubs nautiques, clubs de pêche sous marines, bazars et boutiques, bureau de poste, etc.) ;
– Espaces verts (jardin andalous, oasis maritime, oliveraies, etc.) ;
– Ribat sur avancée de Ras Marmour (médina, hôtels de charme, animation, commerces, etc.).
En Tunisie, pratiqument toutes les stations touristiques se ressemblent: c’est plus souvent un hôtel à côté d’un autre. En quoi la station Lella H’lima est-elle innovante?
C’est de toute évidence la première station intégrée, du moins la mieux structurée en Tunisie. D’abord, il y aura juste 4 ou 5 hôtels sur les 100 ha de superficie que couvrirait le projet, ce qui en constitue la densité la plus faible du pays pour une zone touristique de cette taille.
Il s’agit plutôt d’un ensemble de mini «centres de vie» intégrés. Le visiteur et/ou le touriste qui y séjournera y trouvera toutes les composantes d’une nouvelle ville. Autrement dit, les hôtels n’y seront pas conventionnels, c’est-à-dire des ghettos, et les touristes vont se mêler aux habitants du village.
Pour ce faire, la superficie consacrée à chaque hôtel ne dépassera pas les 2 hectares. Nous favorisons le «Bed & Breakfast» afin d’inciter le touriste à consommer en dehors des hôtels (attraction, animation, restauration, cafés, bar et même les piscines et les sports nautiques). Et si la SODET-SUD décide d’accorder davantage de superficie aux hôtels, c’est tout juste pour favoriser l’émergence autour et dans l’enceinte même des hôtels de résidences individuelles de luxe, destinées aux seniors fortunés (d’ailleurs, ce concept allègera le coût de l’hôtel puisque la partie cessible du projet engendrera un cash flow avant même le démarrage de l’unité).
Par ailleurs, la station sera un caiola de verdure. La hauteur du bâti ne dépassera pas le R+2 ou R+3, car elle ne devrait pas dépasser celle des palmiers. L’un de nos slogans dit: «Lella H’lima est une ville dans une oasis plutôt qu’une oasis dans une ville!». L’objectif est de faire en sorte que la station soit en harmonie avec son environnement naturel. Ses concepteurs, en l’occurrence Jalel Adelkéfi (urbaniste), Tarek Ben Miled (architecte), Ahmed Smaoui (expert en tourisme) et Mahmoud Ben Romdhane (économiste), en ont décidé ainsi.
Le tableau que vous brossez du projet est beau. Mais concrètement, où en est-il de l’avancement des travaux?
S’agissant du foncier, 95 des 100 hectares seront maîtrisés avant la fin de l’année 2010, c’est-à-dire acquis par SODET-SUD.
D’autre part, la Société a décidé de commencer par la réalisation, sur la période 2011-2014, d’un premier lot de 40 ha appelé «Lella H’lima I» dont la situation foncière est entièrement régularisée. Les travaux démarreront au premier trimestre de 2011. Le coût d’aménagement de cette partie s’élève à 24 millions de dinars. Dans ce contexte, une rallonge de crédit de 5 millions de dinars vient de nous être accordée par une grande banque de la place et une augmentation de capital de 4 millions de dinars est en cours de réalisation.
L’ensemble de la station sera réalisé, sur 7 ans, en trois lots. La station est une véritable tête de pont pour promouvoir d’autres produits touristiques: le Sahara, le balnéaire insulaire, le tourisme médical, de santé et de bien-être, le tourisme culturel (ksours à Tataouine), le tourisme religieux (Ghriba à Djerba).
Y a-t-il des obstacles particuliers qui entravent la réalisation de votre projet?
Il s’agit plus de lenteurs administratives que de véritables obstacles. Mais le projet a connu un tournant décisif depuis la réunion extraordinaire du Conseil régional du gouvernorat de Médenine, tenu le 29 janvier 2010 au palais de Carthage, au cours duquel le chef de l’Etat a ordonné «d’aménager l’infrastructure externe et la station d’épuration, de hâter la polarisation des investisseurs en vue de promouvoir les zones touristiques de Lella Meriem et Lella H’lima à Zarzis».
Conséquence : l’extramuros, c’est-à-dire toute l’infrastructure qui raccordera la station aux réseaux publics (eau, électricité, télécom, assainissement et route), sera entièrement à la charge de l’Etat et l’Intramuros à la charge de la SODET-SUD.
La décision présidentielle devra faire l’objet d’un décret, dans ce cadre, les différents concessionnaires publics (STEG, SONEDE, Tunisie Telecom, ONAS et ministère de l’Equipement) devront quantifier et évaluer l’extramuros, alors que nous autres bénéficiaires devrons collecter les devis de chaque concessionnaire. Et c’est à ce niveau que les choses n’avancent pas comme on le souhaite avec quelques organismes publics.
Sur un autre point, tout le monde en convient: le tourisme tunisien est en crise. Avez-vous des propositions à faire pour y pallier, un tant soit peu?
Je pense que tout a été dit lors de la consultation nationale sur le tourisme: les lacunes et les failles ont été identifiées et une batterie de mesures ont été prises pour y palier.
Ce qui me tient personnellement à cœur, c’est de prendre en considération les spécificités de chaque région, les mettre en valeur et les parfaire. Aussi, une région ne peut être vendue sur tous les marchés car chaque marché a ses préférences. Pour réussir cette matrice «UNE Région/Marché(s) cible(s)», il faudrait peut-être décentraliser la fonction marketing et doter chaque région d’une structure indépendante dans ce sens.