érie “Addicts” diffusée sur le site d’Arte, le 25 novembre 2010 |
[25/11/2010 08:44:25] PARIS (AFP) En France, la web série peine à démarrer en raison de son coût qui rend les chaînes de télévision frileuses, malgré le potentiel qu’elle représente en matière de rajeunissement de l’audience et de découverte de nouveaux talents.
La web série est une série de fictions diffusée sur internet que l’on peut suivre comme on le ferait à la télévision. Sa particularité est son format court, le plus souvent moins de 10 minutes par épisode. Elle s’est développée avec l’explosion de sites de vidéos comme YouTube ou Dailymotion.
Certaines web séries sont interactive. C’est le cas d'”Addicts”, un web-polar au budget conséquent de 1,2 million d’euros proposé sur son site internet par Arte. La chaîne culturelle franco-allemande Arte est précurseur dans ce domaine, comme elle l’a été en diffusant les premiers web documentaires.
Chacun des 16 épisodes de la série mis en ligne laisse l’internaute libre de cliquer sur un personnage de son choix, accédant ainsi à un autre niveau de l’histoire, à la façon d’un puzzle.
“La web série, c’est un peu le miroir aux alouettes”, relève Gilles Galud président de La Parisienne d’Images. “Tout le monde en parle depuis 3, 4 ans, et en France, à quelques exceptions près, il ne se passe pas grand chose”. Pour ce producteur, l’exemple d’Arte et de sa web série est “un épiphénomène”. “Nous ne sommes pas du tout dans l’économie du web”, souligne-t-il. De fait, Arte dispose d’argent public et n’est pas soumise au dictat de l’audience.
“La web série n’a pas trouvé son modèle économique, son audience n’est pas garantie et elle coûte cher”, renchérit Pascal Breton, président de la société de production Marathon.
Aux USA, souligne-t-il, on arrive à produire des web fictions d’un million de dollars payées intégralement par les sponsors. Ce type de financement est pour lui une des pistes d’avenir, les annonceurs étant désireux d’exister aussi sur le web.
Il y a deux ans, Marathon a financé une série “Dingo ou Mytho” avec le portail MSN et le Centre national du cinéma qui a remporté un vrai succès avec plus d’un million de visualisations en une semaine. Diffusée sur MSN.fr elle comptait 15 épisodes de deux minutes et mettait en scène deux stagiaires journalistes au sein d’une rédaction web. Mais l’aventure s’est arrêtée là.
Et pourtant, les spécialistes s’accordent tous sur la force de créativité inhérente à la série sur le net.
“S’exprimer en web série serait plus facile, plus léger qu’en télévision qui nécessite des moyens techniques élevés. On attraperait des publics de niches qu’on ne touche pas avec le petit écran”, poursuit M. Galud. Ce peut être aussi l’occasion de découvrir de nouveaux auteurs, voire des comédiens. Mais l’argent reste le nerf de la guerre car l’écriture doit être de qualité, que ce soit pour le web ou la télévision.
Le producteur s’étonne que les chaînes n’investissent pas dans ce type de produits qui leur permettrait de rajeunir leurs audiences. “N’importe quelle grande entreprise doit consacrer un budget à la recherche et au développement. Il s’agit de survie et les médias ne le font pas”, dit-il déplorant que la France prenne du retard en la matière.