Mondher Khanfir, directeur exécutif à la TACC, et conseiller au commerce extérieur, vient de participé au Forum économique du salon MEDHEALTH à Sfax (du 25 au 27 novembre 2010). Faisant partie du panel qui a traité de la thématique de développement du secteur pharmaceutique, la communication de M. Khanfir a porté sur les stratégies d’investissement et les moyens d’identifier les opportunités, particulièrement dans la filière pharmaceutique au niveau local et international.
Pour ce faire, il a présenté une approche pour modéliser et analyser les forces et faiblesses dans la chaîne de valeurs.
Parlant des opportunités d’investissement identifiées dans le secteur pharmaceutique en Tunisie, M. Khanfir souligne que la filière pharmaceutique dans notre pays connaît une dynamique de changement rapide accentuée par l’évolution de la demande, aussi bien qualitativement que quantitativement, ainsi que la reconfiguration de l’offre du fait de la privatisation inéluctable de certains opérateurs publics.
Selon lui, il s’agit-là d’opportunités à saisir pour renforcer le pavillon tunisien dans le secteur de la santé, en particulier le secteur privé qui est en train d’intégrer une offre tunisienne de qualité dans les places de marché internationales. Ce qui est intéressant, c’est que notre expérience intéresse de près des pays africains, représentés en force lors du forum économique organisé en marge du Salon. Les différentes interventions des conférenciers africains prouvent que la Tunisie jouit d’un capital-confiance élevé en Afrique et pourrait avoir un rôle important à jouer dans le domaine de la santé.
Dans son plaidoyer pour un renforcement du pavillon tunisien, il ne manque pas de relever les enjeux dans le secteur de la santé. Le premier, c’est la souveraineté nationale sur le secteur stratégique de santé publique. Il y a aussi des enjeux sociaux, économiques et éthiques autour de cette question, qu’on peut résumer par le système de santé durable (Sustainable Health System). Il s’agit en fait de baser le système de gouvernance de la santé publique sur une approche systémique répondant à une vision commune de l’intérêt général, et de l’impératif partenariat public/privé dans la construction d’un système capable de fournir à chacun les prestations de base en matière de santé, dans le respect de la qualité et de l’éthique en focalisant sur le patient (et non pas sur les produits).
Face à la complexité grandissante, exacerbée par la mondialisation, Mondher Khanfir estime cependant que la filière pharmaceutique tunisienne a des chances de s’en sortir. Pour lui, il est nécessaire de se doter d’une bonne stratégie appuyée par une organisation et une infrastructure TIC robuste. “Je crois d’ailleurs savoir que le ministère de la Santé travaille sur un méga projet de système d’information de la santé en Tunisie, se basant sur les hautes technologies informatiques pour permettre l’intégration, la standardisation et la gestion des informations administratives et cliniques dans le respect du code déontologique de la médecine“.
Et dans des projets complexes de ce genre, nous devons non seulement aller vite, mais surtout aller dans la bonne direction, conseille-t-il. De ce fait, M. Khanfir reste confiant que le “…Time to Market court nous donnera une avance significative dans la région, et nous permettra de capitaliser sur l’expérience locale pour aller la vendre à nos voisins et partenaires africains, en leur faisant bénéficier de notre retour sur expérience“.
Maintenant, quand on lui demande quelle est son évaluation du Forum économique et idées maîtresses à en retenir, notre vis-à-vis avoue avoir été impressionné “par le haut niveau des intervenants et la qualité des débats avec les participants“. Puis, il ajoute: “La dimension africaine a dominé du fait d’une forte délégation d’officiels et représentants d’Afrique centrale et de l’Ouest“.
Toutefois, si la plupart des intervenants africains ont insisté sur les résultats souhaités, rare sont qui ont pu exposer une stratégie pour y parvenir, analyse notre conférencier. A contrario, il estime avoir atteint son objectif, en ayant proposé “une approche pour construire des stratégies PPP (partenariats public/privé, NDLR, et développer des méga projets pour l’Afrique en concertation avec les différents acteurs des secteurs public, privé et de l’administration, et les soumettre à des bailleurs de fonds, tel que la BAD pour financement“.
Pour finir, notre interlocuteur indiqué qu’il a été particulièrement interpellé par le Business Case présenté par Dr Kadidja Dagba Djierro, directrice de la médecine et de la pharmacopée traditionnelles au Burkina Faso. “A partir d’une volonté politique d’investir en amont de la chaîne de valeurs, sur le maillon R&D, le Burkina Faso a réussi à créer une filière alternative –à bas coûts- pour contrer le faux médicament et développer une filière basée sur les matières premières locales. Cette expérience devra être suivie de très près par la profession en Tunisie. Le Burkina Faso a prouvé qu’il porte bien son nom: Terre des Hommes Intègres“.