ège du gouvernement à Dublin le 24 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly) |
[26/11/2010 11:04:51] DUBLIN (AFP) Les syndicats irlandais fourbissent leurs slogans en vue d’une manifestation contre la rigueur, samedi à Dublin, tandis qu’un vaste plan de sauvetage international de l’île est sur le point d’être conclu et que Madrid tente de rassurer les marchés sur les risques de contagion.
“Il faut que la population montre qu’il existe une alternative, qu’elle montre ce qu’elle ressent face à un plan qui va provoquer une hausse du chômage”, explique à l’AFP Macdara Doyle, porte-parole de l’ICTU, première confédération syndicale irlandaise qui organise la manifestation de samedi midi.
Le plan de rigueur annoncé mercredi prévoit 15 milliards d’euros de réductions budgétaires et de hausses d’impôts d’ici 2014. Les allocations chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, et près de 25.000 emplois publics seront supprimés.
Ces mesures, qui visent à ramener à 3% le déficit public irlandais, actuellement de 32% du Produit intérieur brut (PIB), sont présentées comme la condition sine qua non d’un vaste de plan de sauvetage de l’île par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI). L’aide, qui devrait atteindre 85 milliards d’euros, devrait être finalisée d’ici à dimanche soir, selon des sources diplomatiques.
é Luis Rodriguez Zapatero à Barcelone le 25 novembre 2010 (Photo : Lluis Gene) |
Signe que le plan est proche de sa conclusion, les équipes du FMI, de l’UE et de la BCE présentes depuis une semaine à Dublin ont rencontré jeudi les leaders des partis politiques et avaient rendez-vous vendredi matin avec les représentants syndicaux.
Mais les risques de contagion à la zone euro ne se sont pas pour autant dissipés, en particulier à l’Espagne, qui a cru bon devoir rassurer vendredi.
“Ceux qui misent contre l’Espagne à court terme vont se tromper. Il n’y a aucun scénario” dans le sens d’un sauvetage de l’Espagne, a affirmé vendredi le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.
En Irlande, la colère de la population se cristallise sur la baisse du salaire minimum, d’autant plus que cette dernière a été exigée par l’UE, a avoué jeudi soir John Gormley, leader des Verts, membres clefs de la coalition au pouvoir.
L’opposition, quasi-assurée de la victoire lors des élections anticipées prévues début 2011, a averti qu’elle modifierait le plan une fois au pouvoir.
Elle se sent pousser des ailes en raison de l’impopularité record du gouvernement irlandais, que devraient confirmer vendredi les résultats d’une législative partielle dans le comté de Donegal (nord-ouest). Le candidat du parti au pouvoir est donné perdant, ce qui réduirait à deux députés l’infime majorité de la coalition gouvernementale.
Face au gouvernement en sursis, les syndicats veulent mobilier contre un plan de rigueur qui est “une déclaration de guerre contre les travailleurs les moins bien payés”, souligne Jack O’Connor, président du Siptu, premier syndicat irlandais.
“Les travailleurs ordinaires sont contraints de payer pour des banquiers, des promoteurs et des politiciens corrompus”, enrage Eamon Doyle, numéro un du TEEU, premier syndicat dans l’ingéniérie.
Les syndicats espèrent également profiter de la colère de la population après l’appel “humiliant” à l’aide extérieure. La manifestation s’achèvera ainsi devant la célèbre GPO (General Post Office), où avait été lue en 1916 la déclaration d’indépendance.
Il faudra cependant surmonter deux obstacles pour mobiliser les foules: la résignation de nombreux Irlandais, qui se disent qu’il n’y a aucune alternative à l’austérité, et la crainte d’une répétition des violences survenues lors d’une manifestation d’étudiants, il y a quelques semaines.