Zone euro : les Européens tentent de mettre un terme à l’emballement

photo_1290782914002-1-1.jpg
ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso devant la presse au siège de l’OCDE, le 26 novembre 2010 (Photo : Eric Piermont)

[26/11/2010 14:56:44] BRUXELLES (AFP) Les Européens s’efforçaient vendredi d’endiguer les inquiétudes concernant la zone euro avec des propos rassurants sur le Portugal et l’Espagne, alors que les rumeurs d’aide à Lisbonne se font insistantes et que l’annonce du plan de soutien à l’Irlande est imminente.

Des informations publiées vendredi par le journal allemand Financial Times Deutschland ont mis le feu aux poudres.

Selon le quotidien financier, la Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le gouvernement portugais pour qu’il demande à son tour une aide de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI). Ces pressions auraient pour arrière-pensée d’éviter à sa voisine l’Espagne de se retrouver dans une situation difficile, estime le journal.

Les gouvernements portugais et allemand et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont aussitôt démenti ces informations.

Les Européens n’ont pas “suggéré” au Portugal qu’il demande un plan d’aide financière comme vient de le faire l’Irlande, a déclaré M. Barroso à Paris.

Ces rumeurs interviennent alors que le Parlement portugais a définitivement adopté vendredi un budget d’austérité pour 2011 qui doit permettre de réduire de manière draconienne le déficit du pays.

“Ce budget contient des mesures très difficiles et exigeantes pour tous les Portugais, mais il n’y a pas d’autres solutions de substitution”, a souligné le Premier ministre portugais, José Socrates.

photo_1290783110671-1-1.jpg
Le Premier ministre portugais Jose Socrates (G) et son homologue espagnol Jose Luis Zapatero, le 20 novembre 2010 (Photo : Miguel Riopa)

Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré de son côté qu’il écartait “absolument” l’éventualité d’un plan de sauvetage financier de l’Espagne. “Ceux qui misent contre l’Espagne à court terme vont se tromper”, a-t-il ajouté.

Malgré ces propos rassurants, les rumeurs de contagion ont affolé les marchés.

Sur le marché obligataire, l’écart entre les taux espagnols à 10 ans et les taux allemands, qui servent de référence dans la zone euro, a atteint vendredi un plus haut historique, à 260 points de base, signe de la défiance des investisseurs à l’encontre de l’Espagne.

Le Portugal a lui vu ses taux à 10 ans battre un record depuis l’adoption de l’euro, à 7,121%.

Quant à l’euro, il s’enfonçait vendredi sous le seuil de 1,33 dollar, au plus bas depuis deux mois. Vers 15H05 (14H05 GMT), il s’établissait à 1,3231 dollar, contre 1,3360 dollar jeudi à 22H00 GMT, après être tombé à 1,3201 dollar vers 11H15 GMT, un plus bas depuis le 21 septembre.

photo_1290783358527-1-1.jpg
étaille le plan de rigueur, le 24 novembre 2010 à Dublin (Photo : Stringer)

Les marchés attendent aussi avec anxiété les détails du plan d’aide à l’Irlande de l’UE et du FMI, au sujet duquel des tractations sont toujours en cours à Dublin.

Des sources diplomatiques européennes ont indiqué que ce plan avait de bonnes chances d’être finalisé dès dimanche.

Selon ces sources, une réunion des ministres des Finances de la zone euro, puis de l’ensemble de l’UE, devrait en conséquence avoir lieu dimanche, par conférence téléphonique. Il s’agit d’approuver le montant de l’aide, qui devrait tourner autour de 85 milliards d’euros, et de fixer les conditions à remplir par Dublin en échange.

Au cours d’un entretien téléphonique jeudi soir, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont souhaité un accord rapide sur l’aide à l’Irlande.

Dans ce contexte de tension, le quotidien allemand Die Welt a affirmé, dans son édition de vendredi, que la Commission européenne avait proposé de doubler à 880 milliards d’euros le montant des garanties de prêts du Fonds de secours pour la zone euro. Bruxelles a catégoriquement démenti ces informations.

Des responsables allemands ont également écarté vendredi l’éventualité d’un renflouement du Fonds.