Washington appréhende les révélations de WikiLeaks, prévient ses partenaires

photo_1290784007479-1-1.jpg
Page d’accueil du site WikiLeaks (Photo : Joe Raedle)

[26/11/2010 15:11:14] BAGDAD (AFP) Les Etats-Unis se préparaient vendredi à affronter un nouveau tourbillon de révélations par WikiLeaks qui risquent de compromettre autant leurs relations avec certains de leurs alliés que leur travail dans des zones sensibles comme l?Irak.

Washington, qui a dit se préparer “au pire scénario”, avait annoncé mercredi que les services diplomatiques américains avaient entrepris de préparer des gouvernements étrangers à la publications prochaine de documents secrets par WikiLeaks susceptibles de créer des “tensions” avec eux.

A Bagdad, l’ambassadeur des Etats-Unis, James Jeffrey, a affirmé vendredi que sa mission était “inquiète”.

“WikiLeaks est un obstacle absolument terrible dans mon travail qui consiste à avoir des discussions de confiance avec des gens”, a-t-il dit à des journalistes. “Cela va porter un coup à notre capacité de faire notre travail” en Irak.

Interrogé sur la réaction des responsables irakiens, il a répondu: “Ils sont manifestement mécontents. Quiconque retrouve dans la presse les propos qu’il a tenus lors d’entretiens confidentiels est (…) en colère”.

photo_1290784093683-1-1.jpg
éricain en Irak James Jeffrey à Bagdad le 5 octobre 2010 (Photo : Ali al-Saadi)

Le site spécialisé dans la révélation de documents confidentiels a promis lundi de mettre en ligne sept fois plus de documents confidentiels que les 400.000 récemment publiés sur la guerre en Irak.

Le département d’Etat américain a annoncé mercredi qu’il se préparait dans les prochains jours à la publication de câbles diplomatiques concernant “un large éventail de dossiers et de pays”.

“Nous nous préparons au pire scénario”, avait confié Philip Crowley, le porte-parole du département d’Etat.

Les premières fuites de WikiLeaks, sur l’Afghanistan, en juillet, contenaient peu d’importantes révélations et celles émanant d’Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes.

Washington pourrait être plus embarrassé par la divulgation de documents rédigés par ses diplomates, en particulier s’ils mettent en cause des partenaires étrangers des Etats-Unis.

photo_1290784198154-1-1.jpg
épartement d’Etat américain Philip Crowley à Washington le 12 février 2010 (Photo : Paul J. Richards)

Selon un haut responsable israélien cité par le quotidien israélien Haaretz, Israël, dont Washington est le plus important allié, a été informé que ces fuites de câbles diplomatiques pourraient porter sur des rapports confidentiels adressés par l’ambassade américaine à des responsables israéliens.

“Les Américains nous ont fait savoir qu’ils considéraient cette fuite avec la plus grande gravité”, a ajouté ce responsable.

Le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis en Israël, Kurt Hoyer, s’est refusé à tout commentaire, tout en soulignant que ces fuites étaient hautement préjudiciables au point de “mettre en danger des personnes”.

A Ankara, un diplomate turc de haut rang a indiqué que la Turquie avait également été mise au courant.

Selon des informations de presse, les nouvelles révélations porteraient notamment sur une aide de la Turquie aux militants d’Al-Qaïda en Irak et un soutien des Etats-Unis aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), réfugiés en Irak.

Le diplomate a exclu catégoriquement tout appui d’Ankara à Al-Qaïda, tout en saluant la coopération turco-américaine contre le PKK.

A Moscou, le quotidien Kommersant a affirmé que ces fuites comportaient des appréciations “désagréables” de la politique et des dirigeants russes qui pourraient blesser Moscou.

Ces révélations “peuvent provoquer une brouille entre les Etats-Unis et la Russie”, tout comme avec la moitié des pays de la planète, écrit le quotidien.

Des responsables en Grande-Bretagne, mais aussi en Norvège, au Danemark et en Finlande, ont indiqué que leurs pays avaient été aussi informés par les Etats-Unis.

A Helsinki notamment, l’ambassade américaine a indiqué qu’elle pensait que cette publication allait être “la plus grave”, a déclaré à l’AFP la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Anna Wickstom-Noejgaard.