Tunisie : Paysage médiatique en quête de règles de jeu

medias-2711-1.jpgLe paysage médiatique tunisien est en train de vivre plusieurs mutations annonciatrices, nous l’espérons, de plus de maturité, de liberté et de pluralisme que se soit au niveau politique ou au niveau des contenus et des genres.

Cependant, le pluralisme et le marché ouvert requièrent des règles et des conventions dont l’absence peut nous conduire à ce que nous avons vécu au mois de Ramadan dernier à propos des mesures d’audience.

La dernière annonce du président de la République de confier au Conseil supérieur de la communication la question des mesures d’audience va dans ce sens. Ainsi, le Conseil, nous l’espérons, jouera de plus en plus le rôle de ses homologues comme une haute instance représentative et soucieuse de faire respecter les règles par tous les opérateurs.

Les règles, il va falloir que les pouvoirs publics s’en soucient parce que nous vivons un cafouillage qui finira par nuire à tous et au pays avant tout.

Pour commencer, si on se souciait un peu du contenu des télévisions publiques, financées par l’argent du contribuable et service public par essence. Or, nous assistons à une situation où, en dehors du «cercle des pleureuses» du prime time qui squatte nos soirées du lundi au vendredi, la télévision publique ne produit absolument rien de «regardable» sur ses deux chaînes. Je ne parle pas du mois de Ramadan, c’est l’exception. Nous entretenons, aux frais du pays, une armada de fonctionnaires, des metteurs en scène, des techniciens et tutti quanti, qui sont incapables d’accoucher d’une programmation digne d’un pays comme le nôtre.

Là, nous demandons au législateur qu’il fasse ce que d’autres ont fait avant nous! Il faut un système de quotas et des obligations de production annuels. Ce système, qui existe en Europe, a sauvé les cinémas français et allemand de la disparition. Il stipule que les télés nationales doivent obligatoirement passer un nombre précis d’heures de production nationale, ensuite européenne avant de passer ce qu’elles veulent. Ce système impose aux télés françaises, par exemple, de ne pas passer de films le mercredi soir pour encourager les gens à aller au cinéma. Il impose en plus aux télés du service public un quota de production cinématographique en coproduction! Ce même système impose aux radios un quota de chansons françaises et européennes toutes les semaines.

Nos radios, même celle du service public comme Radio Jeunes, qui s’éreintent à qui passe plus de chansons occidentales, soi-disant pour faire jeune et branché, doivent se soucier de la chanson tunisienne et arabe autant sinon plus que leur souci du dernier clip d’une starlette londonienne!

Mais les pouvoirs publics ne peuvent pas légiférer sur tout et régenter tout. Dans tous les pays développés, certaines règles sont émises par les professionnels eux-mêmes à travers des instances représentatives de tous les intéressés. C’est le cas, par exemple, de l’OJD, Office de Vérification de la Diffusion, en France, organisme neutre créé et géré par les journaux et les annonceurs afin de vérifier la diffusion des journaux et ainsi orienter les annonceurs. C‘est le cas aussi du BVPA, Bureau de Vérification de la Publicité, qui gère quant à lui le contenu des annonces et des insertions publicitaires dans tous les journaux.

Il n’y a pas de mal à créer des règles sur lesquelles tout le monde est d’accord et ainsi l’enjeu, qui est celui de l’audience, est mieux identifié et mieux mesuré avec l’accord de tous. Bien évidemment!

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