Thon rouge : quasi-stabilité des quotas de pêche, déception des écologistes

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écologistes manifestent à Paris lors de la réunion de la Commission internationale pour la Conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), le 21 novembre 2010 (Photo : Francois Guillot)

[28/11/2010 11:54:03] PARIS (AFP) Les Etats pêcheurs de thon rouge réunis à Paris ont opté samedi pour une quasi-stabilité des quotas de pêche pour 2011, au désespoir des ONG écologistes qui réclamaient une réduction drastique, nécessaire selon eux pour sauvegarder l’espèce.

Après dix jours de tractations intenses à huis clos, les 48 Etats pêcheurs de la Commission internationale pour la Conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), ont adopté une limite de la pêche au thon rouge en Méditerranée à 12.900 tonnes en 2011, contre 13.500 t en 2010.

“Une fois de plus on a refusé au thon rouge la protection dont il avait désespérément besoin”, a déploré Sue Liebermann, responsable de la politique des pêches de l’ONG américaine PEW.

La réunion a “conduit le thon rouge dans le couloir de la mort”, a estimé Greenpeace tandis que l’ONG Oceana y a vu “un échec massif” pour cette espèce.

Les ONG faisaient campagne pour une réduction du quota à 6.000 t ainsi que l’instauration de sanctuaires dans les zones de reproduction pour le thon rouge, qui migre pour ce faire en Méditerranée et dans le Golfe du Mexique. En séance l’idée a été “balayé en cinq minutes et sans la moindre réaction des Etats membres”, a précisé à l’AFP Charles Braine du WWF, qui a participé comme observateur aux réunions.

Le Japon, qui absorbe 80% des thons rouges pêchés en Méditerranée, avait, lui, réclamé des contrôles plus sévères pour enrayer la pêche illégale et le marché noir de cette espèce dont la chair raffinée est très recherché pour les sushis et sashimis.

“Je ne suis pas content à 100%”, a indiqué le chef de la délégation du Japon Masanori Miyahara à l’AFP. “Il nous reste à mettre beaucoup de choses en oeuvre pour s’assurer” de l’efficacité des contrôles et “de la capacité de chacune des parties de s’y tenir”, a-t-il dit. Une réunion de la CICTA est prévue sur ce point en février, selon lui.

La délégation américaine s’est également montrée déçue.

“Je ne peux pas dire que nous avons agi en conformité avec le principe de précaution comme je l’aurai souhaité”, a confié Russel Smith, chef de la délégation à l’AFP.

A l’inverse le ministre français de la Pêche Bruno Lemaire s’est “félicité”, dans un communiqué, du résultat qui représente, selon lui, “l’équilibre entre le respect de la ressource et le maintien du tissu socio-économique sur le long terme”.

Réaction identique du côté du Comité français national des pêches qui estimait que la “raison” l’avait emporté.

Cependant, les efforts de la France pour obtenir un étalement de ses obligations de restituer sa “dette de thon” (5.000 tonnes de dépassement de son quota en 2007) ont échoué. Aucun commentaire n’a été fait officiellement sur ce point.

Le Maroc avait tenté, en vain, de faire une proposition d’étaler les délais pour les restitutions pour l’ensemble des Etats membres, alors que pour l’UE seule la France est concernée. La proposition a été rejetée.

Enfin, la Commissaire européenne, Maria Damanaki, qui avait pourtant préconisé en octobre une réduction des quotas à 6000 t avant de se rétracter, a estimé que la décision de la CICTA de réduire à 12.900 T constituait “un pas dans la bonne direction pour une gestion durable du thon”.

“C’est important non seulement pour les eaux et les stocks de la CICTA mais aussi pour la gestion des pêches dans le monde et pour l’Union europe”, a-t-elle indiqué dans un communiqué. L’UE a pu maintenir sa part des quotas d’un peu plus de 56% répartis essentiellement entre la France, l’Espagne et l’Italie.

L’accord prévoit également une légère redistribution des quotas entre les pays pêcheurs, en particulier entre l’Algérie, la Libye, la Turquie et l’Egypte. Alger et Ankara ont cependant émis des réserves quant à la nouvelle distribution, selon les ONG.

L’organisation n’a publié aucun communiqué samedi soir à l’issue de cette réunion à huis-clos.