Le projet d’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie a fait l’objet d’un séminaire organisé le 25 novembre 2010 par le Centre méditerranéen des énergies renouvelables (MEDREC) en coopération avec le ministère tunisien de l’Industrie et de la Technologie, le ministère italien du Développement économique, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) et l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME). L’objectif du séminaire est de présenter le projet ELMED aux promoteurs potentiels, qu’ils soient tunisiens ou italiens, lesquels du reste étaient nombreux à cette manifestation.
Rappelons que ce projet, fruit de la coopération tuniso-italienne, prévoit la réalisation d’un pôle de production de 1.200 MW dont 800 MW à exporter vers l’Italie. Une joint-venture a été, ainsi, créée entre la STEG, du côté tunisien, et Terna, du côté italien, détenue à part égale, pour assurer le suivi du projet. Il est chargé de la préparation de l’appel d’offres, du dépouillement des offres et des négociations des accords avec les promoteurs potentiels. D’ailleurs, un appel d’offres international pour la construction du câble sous-marin a été lancé en 2010. Michelangelo Cellozi, co-manager d’ELMED Etudes, a indiqué que 11 candidats ont été pré-qualifiés sur le plan technique, en attendant le dépouillement final.
Dans ce cadre, deux études ont été réalisées par le Centre italien de l’électronique expérimentale (CEZI) et le GSE, leader européen de la conception et de la construction de bâtiments d’activités de grandes surfaces. La première étude porte sur l’évaluation de la capacité maximale de production d’électricité, connectable au réseau transport de la Tunisie conformément aux prescriptions de sécurité et de qualité. La deuxième étude porte sur l’analyse du cadre institutionnel, régulateur et juridique de la Tunisie nécessaire à l’application des directives du Parlement européen relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir des sources renouvelables.
Il est à noter que l’électricité sera commercialisée en Tunisie par le biais d’un contrat avec la STEG et en Italie sur le marché des énergies et celui des certificats verts. La capacité d’interconnexion sera allouée à hauteur de 80% à la centrale par contrat à long terme et de 20% par enchères aux exportateurs potentiels, à l’instar de la STEG et d’autres promoteurs. Selon Abdelaziz Rassaâ, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Industrie et de la Technologie, ELMED permettra à la Tunisie d’améliorer et de sécuriser le réseau tunisien, créer des conditions techniques pour l’intégration du marché maghrébin de l’électricité au marché européen et la commercialisation en Italie des certificats verts produits en Tunisie.
Pour les Italiens, ce projet constitue une opportunité pour renforcer les relations économiques entre le nord et le sud de la Méditerranée. «Ceci nous mènera, pourquoi pas, à une zone de libre-échange pour la promotion des énergies renouvelables», espère Corrado Clini, directeur général au ministère de l’Environnement et du Territoire, en ajoutant que la réalisation du projet présente un potentiel d’investissement de part et d’autre de la Méditerranée. De son côté, M. Cellozi a affirmé que le projet doit être étudié selon une approche régionale, en prenant compte que la grande partie de la production électrique sera réalisée dans la rive sud. Il a souligné qu’il faut miser davantage sur l’intégration des marchés et la création de conditions techniques et réglementaires pour la connexion du réseau de l’Afrique du Nord au marché italien et européen.
En Tunisie, la politique énergétique table sur la multiplication par cinq de la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie en 2014 et la production de 550 mégawatts d’électricité à partir de ces énergies. Selon M. Rassaâ, l’intensité énergétique primaire sera ramenée à 275 kg par 1.000 dinars au prix constant contre 305 kg actuellement. A long terme, exactement en 2030, le parc de production électrique sera composé à hauteur de 40% par les énergies renouvelables. 40% d’économie d’énergies renouvelables seront, ainsi, réalisés.
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