Plan irlandais : les dirigeants européens rassurants mais l’île est critique

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à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[29/11/2010 10:06:29] DUBLIN (AFP) Les dirigeants européens espèrent avoir circonscrit l’incendie après un plan de sauvetage international à l’Irlande, que semblaient saluer les marchés lundi matin, mais l’aide était abondamment critiquée sur l’île, qui juge les contreparties trop sévères.

“J’espère” que l’incendie est éteint, a déclaré la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde. “C’est un plan qui est long, on n’est pas dans du court terme, dans des sparadraps de première urgence”, a-t-elle insisté, écartant que la France soit “menacée”.

“Il faut que tout le monde, et les investisseurs aussi, entendent le message de l’Europe, +nous sauverons l’euro+, c’est un outil qui ne sera pas pris en otage par la spéculation”, a renchéri le ministre français du Budget, Fra1nçois Baroin.

“Il n’y a aucun doute que ce plan va fonctionner”, a affirmé à Tokyo le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, au lendemain de l’annonce d’un plan de secours de 85 milliards d’euros à l’Irlande.

“Ce plan a été clairement dessiné par le FMI et l’UE et vous pouvez vous fier à l’expérience de plusieurs décennies du FMI pour instaurer des plans totalement crédibles”, a-t-il souligné.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’aide internationale, mise au point par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), consacre 50 milliards d’euros au renflouement de l’Etat celtique, dont le déficit public atteint 32% du Produit intérieur brut (PIB). Les 35 autres milliards d’euros visent à secourir les banques irlandaises, criblées de dettes après l’éclatement d’une bulle immobilière.

L’Irlande devient ainsi le deuxième pays, après la Grèce au printemps dernier, à bénéficier d’une aide internationale. Bruxelles a été contraint d’intervenir après les risques de contagion que les difficultés irlandaises faisaient peser sur les autres membres fragiles de l’UE, en particulier l’Espagne et le Portugal.

Les marchés semblaient lundi bien réagir: les Bourses ont ouvert en hausse à Paris, Francfort et Londres. Mais l’euro a a brièvement chuté lundi à son plus bas niveau depuis deux mois, sous les 1,32 dollar.

En Irlande, le plan était la cible de toutes les attaques.

Le pays a été “jeté aux égouts”, écrit en une l’Irish Daily Mail. A l’image de l’ensemble de la presse, le tabloïd dénonce la contribution que Dublin devra faire au plan international, à hauteur de 17,5 milliards d’euros, en puisant notamment 12,5 milliards d’euros sur le Fonds national de réserve des retraites. Le “petit cochon national est vidé”, estime-t-il.

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à Dublin, le 28 novembre 2010 (Photo : Peter Muhly)

Les Irlandais avalent également difficilement le taux d’intérêt jugé “punitif” du prêt accordé par l’UE : à 5,8%, il est plus élevé que celui exigé à la Grèce au printemps dernier.

“L’Irlande paralysée par des intérêts de 10 milliards par an”, titre en Une l’Irish Examiner. “Au lieu de sauver l’Etat, (le plan international) pourrait le saborder”.

Le Premier ministre Brian Cowen a assuré dimanche soir qu’il s’agissait du “meilleur accord” que le pays pouvait obtenir, soulignant que Dublin devait actuellement emprunter à des taux encore plus élevés.

Mais les partis d’opposition, confiants de l’emporter lors des élections anticipées du début 2011, ont condamné un plan qui va “ruiner” le pays, selon Joan Burton, une porte-parole du parti Travailliste.

Son homologue du Fine Gael, principal parti d’opposition, a dénoncé un taux d’intérêt “trop élevé qui frise l’impossible”. Gerry Adams, leader du Sinn Féin, a jugé l’accord “terrible”.

Dans ce contexte, le vote du budget de rigueur, présenté le 7 décembre et qui constitue une condition sine qua non du plan international, apparaît hautement hypothétique. La majorité gouvernementale est désormais réduite à deux députés. Et ces deux élus menacent de ne plus soutenir le Premier ministre.