à Washington, le 28 novembre 2010 (Photo : Nicholas Kamm) |
[29/11/2010 17:48:15] WASHINGTON (AFP) Les diplomaties mondiales, déconcertées par les révélations contenues dans les 250.000 notes américaines confidentielles divulguées par WikiLeaks, passaient lundi à la contre-attaque en vilipendant les procédés “scandaleux” et “malveillants” du site internet.
En France, le numéro deux du gouvernement, Alain Juppé, a jugé “scandaleux” et “irresponsable” la façon de faire de WikiLeaks.
La France s’est refusée à confirmer “aucun des propos attribués à des autorités et des diplomates français” et a déploré la divulgation “délibérée et irresponsable” des documents, “susceptible de nuire à la résolution de questions essentielles”.
Dans certaines notes, Nicolas Sarkozy est décrit comme “susceptible et autoritaire”.
“Ce n’est pas le ministre de la Défense qui s’exprime, c’est le citoyen et je trouve ça scandaleux”, a dit Alain Juppé, valorisant la “part de confidentialité” inhérente aux “actions diplomatiques dignes de ce nom”, reprenant par là-même une rhétorique déjà employée par les pays dont les relations avec Washington se retrouvent mises à nu.
éfense Alain Juppé, le 17 novembre 2010 au Palais de l’Elysée à Paris (Photo : Lionel Bonaventure) |
A tel point que le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a dit craindre un “11-Septembre de la diplomatie mondiale”.
Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien mis au même plan qu’Adolf Hitler dans certaines notes américaines, a jugé ces documents “sans valeur”, expliquant dans un même souffle que ces publications “font partie d’une campagne de guerre d’information” contre Téhéran, orchestrée par les Etats-Unis.
Ces divulgations, a estimé M. Ahmadinejad, servent un objectif “malveillant”.
Dans une note, on apprend que le roi Abdallah d’Arabie saoudite appelle les Etats-Unis à attaquer l’Iran.
C’est que ces documents jettent une lumière pour le moins crue sur les coulisses de la diplomatie.
Parfois peu reluisants, les qualificatifs dont les diplomates américains affublent les partenaires de Washington dans leurs télégrammes sont des “ragots” pour Guido Westerwelle, ministre allemand des Affaires étrangères.
Se mêlant au choeur des critiques, M. Westerwelle s’en est pris à la cupidité des dirigeants de WikiLeaks. “Il s’agit de documents acquis illégalement et qui sont utilisés pour empocher de l’argent”, a dit M. Westerwelle, qualifié dans certaines notes américaines “d’incompétent, vaniteux et anti-américain”.
Même tonalité à Londres, où un porte-parole du Premier ministre David Cameron a assuré que son pays continuerait à “travailler étroitement avec les Etats-Unis”.
ésident iranien Mahmous Ahmadinejad lors d’une conférence de presse à Téhéran, le 26 novembre 2010 (Photo : Behrouz Mehri) |
L’Afghanistan ne pense pas non plus que ses relations avec les Etats-Unis subiront des dommages, en dépit de documents décrivant le président Hamid Karzaï comme “faible” et son frère Ahmed Wali comme un baron de la drogue corrompu.
Au Proche-Orient, un haut responsable israélien estime qu’Israël “s’en tire à très bon compte”, les fuites confirmant la position officielle d’Israël en faveur d’une grande fermeté à l’égard de Téhéran.
Les alliés arabes des Etats-Unis gardaient un silence embarrassé face à des révélations dévoilant leur double langage: d’une part, des appels publics à un règlement politique avec l’Iran et d’autre part, des entretiens privés poussant les responsables américains à l’option militaire contre Téhéran.
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a indiqué qu’il allait aborder lundi la question des notes, qui le mettent en cause, avec la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Les télégrammes diplomatiques obtenus par le site internet révèlent que M. Davutoglu est qualifié “d’exceptionnellement dangereux” par un informateur des diplomates américains en poste à Ankara.
Ces derniers jours, la diplomatie américaine avait tenté de limiter les dégâts en alertant plus d’une dizaine de pays, afin de préparer leurs gouvernements.
Lundi, la Maison Blanche a annoncé avoir ordonné un passage en revue des procédures de sécurité pour éviter de nouvelles révélations.