France : la crise financière a sonné le glas des placements risqués

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Des immeubles parisiens le 11 octobre 2010 (Photo : Jacques Demarthon)

[29/11/2010 23:21:06] PARIS (AFP) Les Français se sont détournés depuis 2008 des placements risqués pour privilégier des produits réputés plus sûrs, comme l’assurance-vie ou l’immobilier, et la crise de la zone euro risque d’encourager cette tendance.

Selon une étude de l’Insee publiée mardi, les Français n’ont plus du tout le goût du risque et les premiers placements à en avoir fais les frais sont les valeurs mobilières (actions, obligations…): seul un cinquième des ménages en détenaient début 2010, contre un quart en 2004.

Pour la première fois depuis sa création en 1992, le plan d’épargne en actions (PEA) a lui aussi reculé.

“La crise financière et la forte chute des indices boursiers qui s?en est suivie peuvent avoir incité des ménages à se retirer de ces produits risqués et à se replier sur des produits potentiellement moins rentables, mais plus sûrs”, explique l’Institut national de la statistique.

“Depuis la crise, on a observé une forte fuite vers l’épargne dite +de précaution+”, note aussi Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.

Pas étonnant alors que le livret A, peu rémunérateur mais hyper-sûr, d’ailleurs considéré comme le placement préféré des Français, reste “toujours attractif” selon l’Insee.

Les livrets “restent la première forme d?épargne des ménages, vers laquelle ils se replient en cas de moindre attractivité des autres formes de placement, ou d?incertitude forte sur l?avenir (perte d?emploi, baisse de pouvoir d?achat…)”, note l’Institut.

De même, de plus en plus de ménages détiennent de l’assurance-vie, ou de l’assurance décès volontaire: 41,8% en possède au moins une en 2010, contre 35,3% en 2004 et 34,6% en 1998.

En effet, “l’assurance-vie offre aux épargnants un cadre fiscalement attractif, un rendement intéressant et la possibilité de sécuriser, au moins en partie, leur épargne”, explique l’Insee.

En 2010, 59,8% des détenteurs d?assurance-vie n?ont ainsi que des contrats d?assurance-vie en euros, moins risqués que les contrats multisupports investis pour partie en actions, ajoute l’Institut.

“Les Français sont traditionnellement allergiques au risque”, relève Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. “Mais en période de stress financier, il est normal d’assister à un fort report des placements vers de l’épargne liquide, c’est-à-dire facilement disponible, et sûre”, ajoute-t-il.

La pierre reste aussi une valeur refuge. La part de ménages propriétaires de leur résidence principale est ainsi passée de 55,7% en 2004 à 58% début 2010.

Les politiques publiques destinées à accroître le nombre de propriétaires (comme les exonérations d’impôt sur le revenu pour les intérêts d’emprunt) ou à favoriser la construction de logements ont aussi pu inciter certains ménages à investir dans l’immobilier, relève l’Insee.

“Si un bien immobilier peut perdre de sa valeur, il ne peut pas disparaître, contrairement à une action”, souligne Nicolas Bouzou.

Selon lui, la crise actuelle de la zone euro n’est pas de nature à changer la donne: “Pendant la crise financière (de 2008), les Français voulaient protéger leur patrimoine car ils avaient peur du chômage, désormais ils vont craindre des rééchelonnements des dettes”, avance-t-il.

“La crise de la zone euro ne fait que renforcer l’inquiétude des gens”, témoigne aussi un responsable d’une grande banque coopérative française. “Paradoxalement, les capitalisations boursières sont attractives, alors que les rendements immobiliers vont finir par se tasser”, observe-t-il. “Mais la quête de la sécurité devrait primer pendant encore dix-huit mois”, prévoit-il.