Les entreprises high tech indiennes sur les traces des géants occidentaux

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électronique, à Bangalore, le 27 novembre 2010. (Photo : Dibyangshu Sarkar)

[30/11/2010 08:16:34] NEW DELHI (AFP) Du secteur des télécommunications aux tablettes électroniques, d’ambitieuses jeunes sociétés indiennes déterminées à affronter les grosses marques occidentales commencent à frapper vite et fort, avec l’aide logistique de fabricants chinois.

De nombreux groupes ont fait des incursions sur le marché de la téléphonie mobile, en pleine essor en Inde, tandis que d’autres ont déjà les yeux braqués sur de plus grosses proies dans le secteur informatique.

Rohan Shravan, le patron de Notion Ink, basée à Bangalore (sud), est un homme pressé. A 25 ans, il a cofondé le groupe voici seulement trois ans mais il devrait commencer d’ici quelques semaines à remplir son carnet de commandes pour sa tablette informatique +Adam+.

Les livraisons aux Etats-Unis et en Europe de ce produit qui aspire au même succès mondial que son concurrent, l’élégant iPad d’Apple, pourraient débuter à la fin de l’année. Les ventes en Inde devraient démarrer dans la foulée.

“Ce que nous voulons faire avec +Adam+, c’est mettre en place un produit standard sur le marché international”, explique à l’AFP ce diplômé de l’une des plus prestigieuses universités techniques indiennes.

“Il va y avoir une croissance exponentielle pour nous”, prédit Shravan qui a déjà donné le coup d’envoi au développement d’une version actualisée d’+Adam+.

D’autres groupes, comme Olive et le site de vente en ligne Infibeam — qui a pris pour modèle le groupe américain de distribution sur internet Amazon — ont lancé leur propre tablette électronique.

Amazon a d’autres admirateurs en Inde et le concept de sa liseuse numérique Kindle, conçue spécialement pour la lecture de livres ou de magazines, a déjà été copié par un groupe basé à Bangalore, EC Media.

En août, il a lancé Wink, qui revient environ 40 dollars moins cher que Kindle en Inde. EC Media a signé des accords avec des maisons d’édition pour offrir au consommateur des livres en anglais et en 15 langues locales, argument clé de sa stratégie commerciale.

Dans le secteur de la téléphonie mobile, la concurrence est rude dans un contexte où la demande est en plein boom, tirée par une hausse des revenus et la baisse des coûts.

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Une tablette informatique de marque indienne (Photo : Dibyangshu Sarkar)

Des marques comme Micromax, Lava, Spice, Karbonn et Zen ont poussé comme des champignons au cours des douze derniers mois, grignotant des parts de marché au géant finlandais Nokia grâce à une politique commerciale agressive et à des produits spécialement adaptés au client indien.

Selon la revue spécialisée du secteur, Voice and Data, Nokia est encore numéro un en Inde mais il a perdu 12 points de marché en un an à 52%.

La route du succès pour ces nouveaux entrants a débuté en Chine où des fabricants bon marché ont été recrutés à tour de bras.

En dépit de relations diplomatiques parfois tendues entre les deux poids lourds asiatiques, la collaboration entre les ingénieurs et les concepteurs informatiques indiens et les usines chinoises fonctionne à merveille.

“Il y a des vendeurs en Chine qui peuvent faire tout ce que vous leur demandez. Si vous avez une idée, la faire réaliser est assez facile aujourd’hui”, résume Amit Aggerwal, un expert du secteur high tech en Inde.

Selon le patron de Notion Ink, faire fabriquer les produits en Inde n’a aucun intérêt car les capacités de production y sont faibles, ce qui gonfle les prix, et peu d’usines sont dotées des derniers équipements.

Il préférerait voir ses produits assemblés en Inde mais, estime-t-il, ce ne sera pas possible “avant cinq ou dix ans”.

Selon Ameya Dalvi, rédacteur en chef du site www.techtree.com, les marques indiennes ont montré qu’elles étaient capables de défier les géants mondiaux une fois que la demande a été établie, notamment dans la téléphonie mobile.

“Les groupes indiens ne sont pas des pionniers. Ils attendent, observent puis s’engouffrent sur le marché lorsqu’il est important”, juge-t-il.