Campagne en faveur des ouvriers chinois de l’industrie du jouet

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à Jinjiang dans le sud-est de la Chine, le 8 juin 2010 (Photo : Str)

[30/11/2010 14:46:03] PARIS (AFP) A l’approche de Noël, l’association Peuples Solidaires, relayant des enquêtes d’une ONG chinoise sur les conditions de travail des ouvriers de l’industrie du jouet en Chine, a lancé une pétition réclamant pour eux un salaire décent.

Dans cette industrie, où travaillent majoritairement des femmes, jugées plus dociles et aussi plus agiles, “les journées de travail durent au moins douze heures et le quota légal d’heures supplémentaires est largement dépassé”, a expliqué, mardi lors d’une conférence de presse à Paris, Debby Chan, chef de projet à l’ONG Sacom, basée à Hong Kong.

De plus, “les techniques de management sont très dures”, allant jusqu’à interdire aux salariés de se parler pendant le travail ou à imposer des autorisations pour aller aux toilettes, a-t-elle ajouté.

Sacom (“association des étudiants et universitaires contre la mauvaise conduite des entreprises”) a mené entre mai et octobre derniers des enquêtes dans le sud du pays chez deux sous-traitants de Disney et du géant de la distribution Walmart, Sunny Toys à Shenzen et Crown-Ace Toys à Dongguan, en faisant embaucher un de ses membres pour quelques semaines dans la première, et en s’entretenant avec une quarantaine d’ouvriers de la seconde.

Les deux usines sont certifiées par la Fédération internationale des industries du jouet (ICTI), une organisation regroupant les industriels qui affirme s’assurer de conditions de travail “sûres et humaines”.

Dans sa pétition, Peuples Solidaires demande à cette fédération de corriger son système de certification pour y intégrer l’exigence d’un “salaire vital” plutôt que le salaire minimum imposé en Chine. Elle souhaiterait aussi que “ses entreprises membres (donneurs d’ordre, ndlr) changent leurs pratiques d’approvisionnement en payant davantage et en prévoyant des délais plus longs pour la fabrication des jouets”.

“Alors qu’à l’annonce des récentes hausses du salaire minimum dans certaines provinces chinoises, des observateurs du monde entier annonçaient la fin du Made in China bon marché, force est de constater que les droits des ouvriers et ouvrières chinois-e-s continuent d’être bafoués par les multinationales du jouet”, estime l’association.

Peuples Solidaires mène depuis 2009 une campagne avec quatre autres ONG européennes intitulée “C’est pas du jeu”, pour “des conditions de travail décentes dans l’industrie du jouet”.

Plus de 90% des jouets importés en Europe sont fabriqués en Chine, où 2 à 4 millions de personnes travaillent dans le secteur, d’après les chiffres de l’ONG.