écembre 2010, lors d’une conférence de presse à Paris. (Photo : Eric Piermont) |
[01/12/2010 15:05:05] PARIS (AFP) L’Etat français devrait se voir contraint de souscrire lui-même à l’augmentation de capital du groupe nucléaire public Areva, a dévoilé mercredi la ministre de l’Economie Christine Lagarde, faute d’investisseurs trouvant grâce aux yeux du gouvernement.
“L’Etat examine de manière favorable sa participation à l’ouverture du capital d’Areva”, a annoncé Mme Lagarde au cours d’une conférence de presse à Bercy.
Cette annonce est intervenue alors que la presse s’était fait l’écho des oppositions de l’Elysée à l’entrée de deux des trois investisseurs pressentis au tour de table du leader français du nucléaire.
L’Elysée aurait opposé une fin de non-recevoir aux exigences du fonds souverain du Qatar, qui souhaitait pouvoir convertir ses futures actions Areva en participation dans les mines d’uranium du groupe.
En outre, les discussions butaient sur le prix. Le Qatar estimait en effet à 8 milliards d’euros la valeur du groupe nucléaire, alors qu’elle avait été évalué à 12,2 milliards d’euros à sa création en 2001.
“Il y a eu un constat provisoire de non évaluation de l’entreprise sur les mêmes bases”, a confirmé en marge de la conférence de presse, le ministre de l’Energie Eric Besson, en ajoutant que les discussions avec le Qatar n’étaient “pas finies”.
Quant à l’entrée de Mitsubishi Heavy Industries (MHI), elle aurait été écartée en raison des réticences à un tel rapprochement exprimées par Alstom et d’EDF, deux autres champions français du secteur.
Dans l’immédiat, l’Etat français, qui détient 93% du capital d’Areva, ne serait donc en mesure de conclure des négociations qu’avec le fonds souverain du Koweit.
Celles-ci avancent “bien dans le court terme”, a d’ailleurs souligné Mme Lagarde.
Elles seraient même “très avancées” selon l’entourage de la ministre, qui précise que la souscription de l’Etat à l’augmentation de capital pourrait être annoncée juste après la conclusion d’un accord avec le Koweit.
L’annonce d’une participation de l’Etat à un nouveau tour de table Areva a été bien reçue par les syndicalistes, qui craignaient qu’un report de l’opération ne menace les emplois au sein du groupe nucléaire.
“On verrait ça d’un bon oeil”, a réagi Yannick Rouvière, secrétaire de l’union fédérale CFDT du nucléaire, premier syndicat chez Areva.
Quant au calendrier de l’opération, la ministre de l’Economie a affirmé que l’Etat prendrait “le temps nécessaire pour parvenir à une transaction qui soit respectueuse de la valeur patrimoniale de l’entreprise et qui soit conforme à l’intérêt stratégique de la filière”.
Officiellement prévue avant la fin de l’année, l’augmentation de capital d’Areva a été reportée à deux reprises ces dernières semaines.
“Il s’agit de prendre la bonne décision, au bon prix, avec les bons partenaires”, a ajouté la ministre.
Outre le Koweït, elle a précisé qu’il y avait “d’autres investisseurs intéressés avec lesquels les négociations se poursuivront dans un terme un peu plus long”.
Selon la presse, EDF pourrait participer à un éventuel tour de table au printemps. L’électricien public chercherait à exercer un plus grand contrôle sur son principal fournisseur en portant sa participation dans le groupe nucléaire à 10% ou 15% (contre 2,4% actuellement).
L’augmentation de capital d’Areva avait été décidée en juin 2009 afin de trouver les 8 à 10 milliards d’euros nécessaires aux investissements du groupe d’ici 2012.
Areva a déjà récolté environ 5,5 milliards d’euros depuis cette date en vendant sa branche de transmission et distribution d’électricité et en cédant ses participations dans Total, GDF Suez et Safran.
En outre, le Fonds stratégique d’investissement aurait proposé de racheter les 14% d’Areva dans le fabricant de composants STMicro pour 700 millions d’euros, selon Les Echos.