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[01/12/2010 15:10:34] PARIS (AFP) Le site de petites annonces immobilières SeLoger.com a annoncé mercredi un recours judiciaire contre le feu vert du régulateur boursier à une OPA hostile de l’éditeur allemand Axel Springer et a laissé entendre qu’il pourrait également se défendre en mettant en place des “pilules empoisonnées”.
SeLoger.com “annonce qu?elle s?apprête à déposer, dans les plus brefs délais, un recours à l?encontre de cette décision (annoncée mardi, ndlr) auprès de la cour d?Appel de Paris”, a indiqué la société dans un communiqué laconique.
“L’heure de se défendre a sonné”, a résumé pour l’AFP une porte-parole de SeLoger.com, en estimant que, si Springer souhaitait s’emparer du groupe d’annonces immobilières en ligne, il se devait de “faire les choses proprement”. Autrement dit: en réévaluant son offre initiale.
L’action judiciaire devrait être engagée au plus tard vendredi, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
“Axel Springer pense que les actionnaires (de SeLoger) n’ont rien à gagner d’une action en justice”, a rétorqué le groupe allemand, éditeur du quotidien le plus lu d’Allemagne Bild.
Une telle action retarderait de plusieurs mois l’opération, confie Springer, déjà actionnaire majoritaire en France du site Aufeminin.com.
Pour faire barrage à l’éditeur allemand, SeLoger.com envisage également de mettre en place des “pilules empoisonnées”, une panoplie d’actions légales que peuvent prendre des sociétés cibles d’OPA hostiles. Généralement, les sociétés visées prennent des décisions qui conduisent à un renchérissement du coup de l’opération pour le prédateur, qui peut ainsi renoncer.
SeLoger.com va réunir dans “les prochains jours” son conseil de surveillance pour examiner les “diverses mesures, qui pourraient notamment nécessiter la convocation d?une assemblée générale des actionnaires afin d?en approuver les termes et les modalités”, a expliqué la société.
Si officiellement le groupe de petites annonces immobilières en ligne se refuse à dévoiler ses options, il pourrait par exemple émettre des bons d’offre, attribués gratuitement à tous les actionnaires et dont la souscription se ferait à des conditions préférentielles.
Le prix d?exercice de ces bons est normalement fixé par l?assemblée générale.
Cette mesure a un effet de dilution pour l?initiateur de l?offre et permet de renchérir le coût de l?opération.
“Il faut être réactif”, indique-t-on chez SeLoger.com.
Pour le champion français de l’immobilier en ligne, les raisons de son opposition farouche à l’OPA du groupe allemand restent identiques: le prix proposé et le flou supposé des intentions de Springer.
“Le prix ne reflète ni la valeur intrinsèque de la société ni ses perspectives de croissance”, répète le site d’annonces immobilières.
Springer, qui a déjà racheté 12,4% du capital de SeLoger à ses fondateurs, propose 34 euros par action, ce qui valorise le groupe à 556 millions d’euros.
A l’opposé, les autres actionnaires, dont le Groupe Arnault, le holding de l’homme d’affaires Bernard Arnault, qui détient 9% du capital, et plusieurs fonds comme FIL Limited (8,9%) ou Caledonia (10,8%), réclament un prix compris entre 37,1 et 40 euros, soit un montant total pouvant aller jusqu’à 666 millions d’euros, arrêté sur la base d’un rapport indépendant.
Les investisseurs réagissaient peu à la contre-offensive du groupe français. Le titre SeLoger était quasiment aligné sur le prix de l’offre à la Bourse de Paris, où il perdait 0,12% à 34,31 euros dans un marché en hausse de 1,38%.
Il faut dire qu’aucune contre-offre n’a été lancée et Axel Springer n’a pas non plus relevé son prix contrairement aux spéculations des marchés, qui pariaient en septembre sur une bataille autour de SeLoger. L’action avait alors dépassé les 37 euros.
L’AMF a finalement validé cette offre mardi, levant ainsi le dernier obstacle réglementaire au lancement de cette opération. Elle devrait désormais annoncer très rapidement la date d’ouverture et le calendrier de l’offre.