La BCE doit trancher sur le retrait de ses mesures anti-crise

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ésident de banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le 22 novembre 2010 à Strasbourg (Photo : Frederick Florin)

[02/12/2010 07:36:55] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) La résurgence de vives tensions sur la dette publique en zone euro avec l’Irlande, le Portugal et l’Espagne arrive à un mauvais moment pour la Banque centrale européenne (BCE), qui a promis de dévoiler jeudi son calendrier de retrait de ses mesures anti-crise.

Après deux précédentes réunions mensuelles sans événement majeur, celle de jeudi pourrait devenir “aussi explosive que de la dynamite”, lance Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Les économistes sont partagés sur ce que va décider l’institution monétaire, après le sauvetage de l’Irlande qui, loin de ramener la confiance sur les marchés financiers, a mis sous pression le Portugal et l’Espagne pour qu’ils demandent à leur tour l’aide de l’Union européenne et du FMI.

L’unique certitude des analystes, c’est que l’institution de Francfort (ouest) va garder son principal taux directeur inchangé à 1%, son plus bas niveau historique, auquel il est ancré depuis mai 2009.

En septembre, la BCE avait décidé de prolonger de quelques mois son dispositif exceptionnel de soutien aux banques de la zone euro, qui consiste essentiellement à leur prêter de l’argent en quantité illimitée et à conditions très avantageuses.

Début novembre, son président Jean-Claude Trichet avait indiqué que l’institution se prononcerait début décembre sur l’avenir de ses mesures exceptionnelles.

Après les nouvelles turbulences sur le marché de la dette publique, notamment sur les rendements irlandais, portugais et espagnols, “nous pensons que la BCE n’est plus en mesure de poursuivre son retrait” dès janvier, estime Silvio Peruzzo de la Royal Bank of Scotland.

La BCE a réagi la semaine dernière en doublant ses achats hebdomadaires d’obligations publiques, à près de 1,35 milliard d’euros. Au total, elle en a acheté pour 67 milliards d’euros depuis mai dernier, en pleine crise grecque.

Pourtant officiellement pour la BCE, l’Eurozone est toujours en cours de normalisation.

Lundi le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a ainsi estimé que la situation financière dans la zone euro était “bien meilleure que celle de nombreux pays du monde, y compris des Etats-Unis”.

La BCE a déjà mis fin à certaines opérations de prêts à long terme aux banques. Mais elle a gardé de généreuses conditions d’allocation sur ses opérations sur une semaine, 1 mois et 3 mois: un taux d’intérêt fixe, calé sur son taux directeur de 1%, et des volumes de prêts illimités. Retirer l’une ou l’autre de ces conditions au mauvais moment pourrait aggraver la situation de banques de pays en difficulté. En Irlande du moins, les banques vont désormais profiter du plan de secours de 85 milliards d’euros adopté dimanche par l’UE avec le FMI.

La BCE doit aussi réviser jeudi ses projections trimestrielles de croissance et d’inflation pour la zone euro et fournir de premières estimations pour 2012. Elle prévoit actuellement une croissance de 1,6% cette année et de 1,4% l’année prochaine. Jean-Claude Trichet devrait faire remarquer que la croissance reste dans une dynamique positive, tout en soulignant la persistance des inégalités entre économies nationales.

“La BCE va prendre en compte la situation des pays en crise dans ses décisions de politique monétaire et ne devrait pas augmenter son principal taux directeur en 2011”, affirme Christoph Weil de Commerzbank.

Tant que l’inflation reste à un niveau inférieur mais proche de 2%, l’objectif de stabilité des prix de la BCE est respecté, ce qui lui laisse une plus grande marge de manoeuvre. Pour l’instant la BCE attend une inflation de 1,6% en 2010 et de 1,7% en 2011.