ésident de la BCE Jean-Claude TRichet à Bruxelles le 30 novembre 2010 (Photo : Georges Gobet) |
[02/12/2010 13:31:08] FRANCFORT (AFP) Pas vraiment rassurés par le sauvetage de l’Irlande, les marchés financiers ont les yeux braqués jeudi sur les décisions de la Banque centrale européenne (BCE) dont ils espèrent une plus grande implication dans la gestion de la crise en zone euro.
Un porte-parole a annoncé en début d’après-midi que le conseil des gouverneurs de l’institution de Francfort (ouest) avait décidé de garder son principal taux directeur inchangé au taux historiquement bas de 1%, ce qui était acquis pour les économistes.
Les marchés attendent désormais la conférence de presse du président de la BCE Jean-Claude Trichet, à partir de 13H30 GMT, pour savoir si l’institution va augmenter les achats d’obligations publiques et renoncer à durcir ses conditions de prêts aux banques.
De tels espoirs pourraient toutefois être douchés, malgré la situation délicate de certains pays de la zone euro, selon les analystes.
“Nous n’attendons pas d’annonce +choc+”, prédit UniCredit. “La situation est assez désespérée pour suggérer que la BCE ne peut pas entièrement s’en laver les mains (…) mais cela ne garantit pas qu’elle va agir avec audace”, disent les analystes de la Société Générale.
Le président de la BCE Jean-Claude Trichet a confirmé mardi, devant le comité économique et monétaire du Parlement européen à Bruxelles, que son institution comptait pour l’instant poursuivre son programme de rachat d’obligations publiques décidé en mai, en pleine crise de la dette grecque, et qui pour l’instant se monte à 67 milliards d’euros.
Mais “on peut douter que la BCE ait envie de s’embarquer dans un programme d’+assouplissement quantitatif+”, à l’image de la Réserve fédérale américaine (Fed), à savoir un plan de 1.000 milliards de rachats évoqué par les médias anglo-saxons, estime Société Générale.
à Bruxelles le 30 novembre 2010 (Photo : Georges Gobet) |
D’abord parce que la BCE, pour ne pas augmenter la masse monétaire en circulation, a décidé de “stériliser” ses opérations en retirant des liquidités d’un même montant sur le marché, et qu’elle ne pourrait pas continuer à le faire avec les montants évoqués par les médias sans compromettre son bilan.
Ensuite, parce que si elle renonçait à stériliser ces montants, cela entraînerait une hausse de l’inflation qu’elle ne peut et ne veut pas se permettre.
L’inflation en zone euro était de 1,9% sur un an en novembre. Soit proche, mais en dessous, de 2% comme le lui impose son mandat.
Or la situation n’est pas encore assez dramatique pour que la BCE soit contrainte d’arbitrer entre “maintenir son objectif d’inflation et sauvegarder le système”, juge encore la Société générale.
En revanche pour l’économiste Daniel Gros, du Centre d’études politiques européennes à Bruxelles, “la crise est tellement imminente, qu’il faut d’abord y faire face”. Et de suggérer de “faire les restructurations (de dette) nécessaires tout de suite ou que la BCE intervienne et achète la dette publique de tous les pays concernés”.
Concernant les banques, la BCE pourrait renoncer à mettre un terme dès la fin de l’année à son opération de prêts illimités de liquidités sur trois mois, ou du moins annoncer une nouvelle opération pour janvier, selon UniCredit.
Si la BCE arrêtait ce programme, cela “renforcerait les tensions monétaires. C’est pourquoi il est possible qu’elle reporte cette décision”, note Credit Suisse.
Pour Jacques Cailloux, de Royal Bank of Scotland, l’important c’est que la BCE délivre le message “qu’elle se tient prête à intervenir à tout moment pour assurer la stabilité financière de la région”.
Un message que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lui demande aussi d’envoyer, affirmant mercredi avoir “toute confiance” dans la BCE pour aider la zone euro à surmonter la crise en cours.