Contrat d’avions ravitailleurs : les Etats-Unis tentent de réparer une bourde

photo_1291304900343-1-1.jpg
ée de l’air américaine au-dessus de l’Afghanistan, le 25 mai 2010 (Photo : Kasey Zickmund)

[02/12/2010 15:55:24] WASHINGTON (AFP) L’armée de l’Air américaine tente de corriger une bourde qui a entraîné l’envoi accidentel de données confidentielles aux deux géants de l’aéronautique, Boeing et EADS (maison-mère d’Airbus), concurrents pour remporter un énorme contrat d’avions ravitailleurs.

Après avoir envoyé par erreur aux deux avionneurs l’appréciation technique de l’offre de leur rival, l’armée de l’air a reconnu mercredi soir à demi-mot que l’européen EADS avait ouvert un document informatique contenant des informations sur la proposition de son concurrent Boeing.

“Des responsables de l’US Air Force ont analysé les informations auxquelles l’un des deux concurrents a eu accès et pris des mesures pour s’assurer que chacun des deux ait un accès égal à ces informations”, a indiqué l’armée de l’air dans un communiqué.

L’armée confirmait ainsi des informations du quotidien le New York Times qui avait le premier rapporté cet incident mercredi, citant un responsable selon lequel des enquêteurs avaient inspecté des ordinateurs provenant des deux entreprises et en avaient déduit qu’un employé d’EADS avait ouvert un document contenant des détails sur l’évaluation technique de l’offre de Boeing.

L’armée de l’air a assuré que fournir à Boeing les mêmes éléments sur l’offre de EADS que ceux de l’offre de l’avionneur américain dont EADS a pris connaissance du fait de cette bourde, accorderait un “cadre équitable” aux deux concurrents qui s’affrontent depuis des années pour remporter le contrat de renouvellement de sa flotte d’avions-ravitailleurs, datant des années 50.

Ce méga-contrat est évalué à environ 35 milliards de dollars.

Boeing a toutefois fait part de ses inquiétudes, n’excluant pas de déposer une plainte formelle. L’incident “nous préoccupe”, a commenté Dennis Muilenburg, directeur de la branche de défense, aérospatiale et sécurité de Boeing.

“Vu les questions restées sans réponse, toutes les options sont sur la table”, a-t-il ajouté mercredi lors d’une conférence d’analystes organisée par Credit Suisse.

Le directeur général d’EADS North America, Sean O’Keefe, avait assuré la semaine dernière à des journalistes que ses employés n’avaient pas lu de documents contenant des données sur la proposition de Boeing.

Le document en question était lié à une analyse d’efficacité de l’un des avions en compétition, et portait sur le nombre d’avions nécessaires à un scénario particulier de ravitaillement.

La méprise risque encore de prolonger l’appel d’offres à rebondissements qui dure depuis 2003 et a été marqué par un scandale, des tensions géopolitiques transatlantiques et un intense lobbying au Congrès.

Boeing avait d’abord gagné le contrat en 2003 mais une affaire de corruption ayant entraîné la condamnation d’une responsable de l’armée de l’air avait forcé le Pentagone à reprendre le processus à zéro.

En 2008, EADS, en partenariat avec Northrop Grumman, avait remporté le contrat, mais ce dernier a été annulé après que Boeing eut fait appel auprès de la commission d’enquêtes du Congrès. Northrop s’est ensuite retiré de la course.

Le Pentagone avait promis plus tôt cette année une décision en novembre ou décembre, mais l’armée de l’air dit maintenant qu’elle s’attend à une décision début 2011.