à Genève (Photo : Fabrice Coffrini) |
[03/12/2010 06:38:17] LONDRES (AFP) L’étau judiciaire se resserrait jeudi autour de WikiLeaks et de son fondateur, Julian Assange, recherché par Interpol, alors que le site continuait à dévoiler des notes diplomatiques américaines gênantes pour pratiquement tous les Etats de la planète.
La Cour suprême suédoise a annoncé jeudi avoir refusé d’examiner le pourvoi de M. Assange contre son mandat d’arrêt pour viol, mettant un terme au dernier recours juridique de l’Australien de 39 ans.
Toutefois, Julian Assange, qui s’est volatilisé depuis le début des révélations faites par son site, contestera son extradition vers la Suède s’il est arrêté, a déclaré jeudi à l’AFP son avocat suédois Björn Hurtig.
Parallèlement, l’un des ses avocats londoniens, Mark Stephens, a affirmé que la police britannique et “les services de sécurité de divers pays” savaient où se trouvait son client, sans aller jusqu’à confirmer des informations de presse sur sa présence en Angleterre.
à Stockholm (Photo : Leif R Jansson) |
M. Assange est recherché par Stockholm et visé par un mandat d’arrêt d’Interpol dans le cadre d’une enquête pour “viol et agression sexuelle” en 2008 en Suède. Sa traque coïncide avec la publication par son site de milliers de notes diplomatiques américaines, qui ont exaspéré de nombreux pays, lesquels le considèrent désormais comme l’ennemi public numéro 1.
Les Etats-Unis, qui ont qualifié d'”anarchiste” le fondateur de WikiLeaks, mettent aussi tout en oeuvre pour l’arrêter, cette fois en raison des fuites.
Des sénateurs américains républicains et indépendant ont annoncé jeudi qu’ils avaient déposé une proposition de loi pour faciliter les recours juridiques contre M. Assange et son site, en rendant “illégale la publication des noms d’informateurs des services de renseignement américains”.
“S’il y a des lacunes dans le droit américain, nous ferons en sorte de les combler”, avait auparavant assuré le ministre américain de la Justice, Eric Holder.
Dans les derniers télégrammes rendus publics par WikiLeaks, les révélations embarrassantes se poursuivent, à commencer par celles concernant les Etats-Unis eux mêmes. Selon le quotidien britannique The Guardian, une note montre ainsi que la CIA était à l’origine d’une demande faite aux diplomates américains de collecter des informations sur le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et sur d’autres personnalités de l’ONU.
La Russie est aussi en ligne de mire. C’est un “Etat mafieux” virtuel, dont les partis politiques agissent “main dans la main” avec le crime organisé, estime un procureur espagnol cité dans une note américaine publiée jeudi par The Guardian.
ès d’une photo du fondateur de l’organisation, Julian Assange, le 30 novembre 2010 (Photo : Jens Buttner) |
Les notes semblent parfois enfoncer des portes ouvertes, comme lorsqu’elles relatent l’exaspération de Washington face à l’omniprésence de la corruption en Afghanistan et à la vision “paranoïaque” du monde de son président Hamid Karzaï.
Mais lorsque ces mêmes notes évoquent le fait qu’Ahmad Zia Massoud, à l’époque vice-président afghan, s’est rendu aux Emirats Arabes unis avec 52 millions de dollars peu avant la réélection de M. Karzaï, les documents sont plus embarrassants.
Haïti, qui vient de connaître un scrutin tendu pour élire un nouveau président, est également visé, son chef d’Etat sortant René Préval étant présenté dans un télégramme comme ayant cherché à “orchestrer” sa succession de peur d’être contraint à un exil forcé.
La publication de ces documents secrets continuait à provoquer un séisme diplomatique dans le monde.
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a poursuivi son opération de charme diplomatique et téléphoné jeudi à la présidente argentine Cristina Kirchner et au président pakistanais Asif Ali Zardari pour exprimer ses regrets après la publication de notes peu flatteuses à leur encontre.
La France, qui dispose du deuxième réseau d’ambassades au monde après les Etats-Unis, a elle affirmé avoir pris des mesures pour éviter un déballage de type WikiLeaks.
WikiLeaks a défendu pour sa part sa décision de publier les notes en postant sur Twitter un lien vers des extraits d’un discours de John F. Kennedy dénonçant le culte du secret.
Mais les extraits postés sur YouTube ne reprennent pas d’autres parties du même discours, où Kennedy cite des circonstances dans lesquelles les journaux ont révélé des informations sensibles aux “ennemis du pays” dans des périodes de “danger pour la nation”.