Nombre d’entrepreneurs en provenance des pays maghrébins et des Etats-Unis ont pris part à la conférence US/Maghreb organisée à l’occasion du lancement de l’initiative américaine: «North Africa Partnership For Economic Opportunity» (NAPEO).
«Une initiative gérée par un organisme indépendant qui travaillera avec chacun des cinq pays du Maghreb pour créer des conseils consultatifs locaux et une régie régionale de conseillers composée de représentants des États-Unis, de la diaspora maghrébine aux Etats-Unis et de chefs d’entreprise du Maghreb pour assurer l’engagement à long terme», a déclaré le secrétaire d’Etat américain adjoint à l’Economie, José Fernandez, mercredi 1er décembre, à Alger. Le NAPEO soutiendra, d’après le responsable américain, la science, les mathématiques, la formation dans les métiers de la technologie ainsi que l’effort des jeunes entrepreneurs pour créer et développer leurs propres entreprises. Il parrainera également une initiative régionale de start-ups dans les nouvelles technologies et créera des pôles d’excellence dans chacun des pays maghrébins afin de stimuler l’esprit entrepreneurial.
Les principaux axes d’intervention du NAPEO concerneront la création d’un institut virtuel nord-africain des opportunités économiques, le «North Africa Angel Capital Network», un incubateur de la technologie et de l’innovation pour soutenir le secteur capital-risque et le parrainage d’une initiative régionale de start-ups dans les nouvelles technologies, ainsi que la formation académique et le leadership, et un «incubateur des industries créatives d’Afrique du Nord» qui a pour objectif d’exploiter le potentiel des artistes de la région de tous genres.
Une série de conférences de gouvernement à gouvernement est projetée. Une autre, annuelle, que les cinq pays du Maghreb accueilleront à tour de rôle et qui rassemblera Américains et Magrébins autour d’un thème central: l’entrepreneuriat.
«Nous impliquons les gouvernements»
Les pouvoirs publics maghrébins soutiendraient, d’après les déclarations du secrétaire d’Etat américain à Alger, cette initiative qui fait suite à une série de visites d’entrepreneurs américains de tous horizons dans la région. «Nous impliquons les gouvernements, nous avons eu de bons entretiens pour expliquer le projet».
On voit bien que les Américains savent tirer les leçons de leurs expériences antérieures et retombent très vite sur leurs pieds, car cela n’avait pas été le cas du programme MEPI qui avait suscité la réticence de leurs partenaires. Rassurants, ils assurent par la bouche de leur secrétaire d’Etat : «Nous n’imposons pas notre point de vue…. les relations entre le Maghreb et les Etats-Unis se feront sur la base des intérêts mutuels».
Conscients de la menace que fait peser le chômage et particulièrement chez les jeunes sur la paix sociale dans la région, ils comptent bien trouver la parade pour aider à y remédier. D’où la mise en place de stratégies dans le cadre de l’opération NAPEO pour créer des réseaux de sociétés et encourager la création d’emplois pour les jeunes dont l’âge se situe entre 18 et 35 ans. 20.000 jeunes maghrébins seraient formés dans le cadre du programme NAPEO.
2,4 millions de dollars ont déjà été investis par le gouvernement américain pour promouvoir l’entrepreneuriat dans le monde musulman dans le cadre du programme «Junior Achievement-Injaz Al Arab» (INJAZ) qui a formé 700.000 jeunes. Le MEPI a fourni 1,5 million de dollars à INJAZ pour le projet «Generation Entrepreneur Project» visant le financement des entreprises de 22.000 jeunes du Maghreb.
C’est un réseau social formé du leadership entrepreneurial et universitaire du Maghreb qui servira de colonne vertébrale pour l’initiative américaine sans oublier la diaspora nord-africaine aux Etats-Unis qui participera avec les gouvernements respectifs du Maghreb aux efforts de financements des projets.
La conférence US/Maghreb entre dans le cadre du suivi des actions mises en place par le président Barak Obama pour le développement de l’entrepreneurship aussi bien à l’intérieur des aux Etats-Unis qu’à l’international. Le but du projet étant d’assurer la paix sociale à travers le bien-être économique.
Nous aurions vécu dans un monde idéal, nous aurions crié haut et fort notre satisfaction. Car, qu’attendent les peuples maghrébins que ne le proposerait leur partenaire américain sinon de l’emploi pour leurs progénitures, des financements pour ceux qui veulent lancer leurs propres projets, de la technologie pour qu’ils progressent et rejoignent les nations développées et même de l’art pour former leurs artistes….
La vie nous apprend hélas que rien n’est gratuit et que tout a un prix.
Ce programme ambitieux viserait-il seulement à assurer les arrières des Etats-Unis sur le plan sécuritaire, conforter sa position dans le Nord de l’Afrique et ses relations avec des pays riches en hydrocarbures comme la Libye et l’Algérie? Les Américains tiendront-ils leurs promesses, car comme nous le savons, en matière de politique et de programmes à l’international, les priorités entre Républicains et Démocrates ne sont pas les mêmes et du coup les donnes changent? Et, enfin, comment réagira l’Europe à cette initiative? L’Europe qui a toujours considéré le Nord de l’Afrique comme sa chasse gardée économique?