Amazon justifie la rupture avec WikiLeaks, qui l’accuse de mentir

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La page d’accueil d’Amazon le 3 septembre 2010 (Photo : Nicholas Kamm)

[03/12/2010 17:31:34] WASHINGTON (AFP) Amazon a assuré vendredi avoir décidé en toute indépendance de cesser d’héberger le site WikiLeaks, au motif que la publication d’informations secrètes violait les termes de son règlement, s’attirant aussitôt des accusations de mensonge et de lâcheté.

“C’est une chose d’être lâche. C’en est une autre de mentir”, a lâché WikiLeaks dans un message sur le site de micro-blogs Twitter, répondant à une justification publiée par Amazon Web Services (AWS), la filiale du géant de la distribution qui l’avait expulsé mercredi.

AWS a expliqué “ne pas filtrer ses utilisateurs, mais avoir des règlements qui doivent être suivis”. “WikiLeaks ne les suivait pas”, a ajouté la filiale d’hébergement.

“Par exemple, notre règlement stipule que (la société utilisatrice) +garantit qu’elle possède ou a le contrôle de tous les droits sur les contenus+ publiés et que +l’utilisation des contenus fournis ne viole pas ce règlement et ne causera pas de dommage à des personnes ni des entités+”, a poursuivi AWS.

Or, d’après Amazon “il est clair que WikiLeaks” ne possède pas de droits sur les milliers de télégrammes diplomatiques secrets américains qu’il diffuse depuis dimanche, et “il n’est pas crédible” que la masse de documents publiés ne mette pas des gens en danger.

AWS a affirmé en outre avoir pris sa décision en toute indépendance et non sous la pression des autorités, et précisé que les attaques “massives” de déni de service n’étaient pas non plus la raison de l’expulsion de WikiLeaks, ces attaques ayant été selon lui déjouées.

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ée à Julian Assange, le 3 décembre 2010 (Photo : Thomas Coex)

Mais pour WikiLeaks, “le communiqué d’Amazon ne correspond pas aux faits”.

Dans un échange en ligne avec des lecteurs du quotidien britannique The Guardian, M. Assange a expliqué qu’en fait les relations nouées avec Amazon avaient eu valeur de test, pour mettre à l’épreuve la liberté d’expression dont se vantent les médias et les autorités américaines.

“Depuis 2007, nous avons délibérément placé des serveurs dans des juridictions que nous soupçonnions de souffrir d’un déficit de liberté d’expression, afin de distinguer les discours de la réalité. Amazon était un de ces cas”, a dit M. Assange.

Mercredi, WikiLeaks avait lâché dans un autre “tweet”: “si Amazon est tellement mal à l’aise avec la liberté d’expression, il devrait cesser de vendre des livres”.

AWS, de son côté, a fait valoir qu’il fonctionne depuis plus de quatre ans, avec “des centaines de milliers de clients qui stockent toutes sortes de données” sur ses serveurs.

“Certaines de ces données sont controversées, et c’est parfaitement acceptable. Mais quand des sociétés ou des gens obtiennent et stockent de grandes quantités de données qui ne leur appartiennent pas en droit, et les publient sans s’assurer que cela ne va pas nuire à autrui, c’est une violation de nos règlements, et ces gens-là doivent mener leurs opérations ailleurs”.

La mise au point d’Amazon est intervenue deux jours après l’annonce par un sénateur américain que le groupe internet avait cessé d’héberger WikiLeaks.

Actuellement, le site spécialisé dans la diffusion de secrets est hébergé dans le Nord de la France par le serveur OVH depuis jeudi, mais cette solution pourrait n’être que provisoire car le gouvernement français cherche à y mettre fin.

Le site WikiLeaks a par ailleurs dû trouver un nouveau nom de domaine en Suisse, avec le suffixe .ch. Le fournisseur de noms de domaine EveryDNS.net avait cessé dans la nuit son service à wikileaks.org après des attaques informatiques massives.

WikiLeaks est aussi hébergé en Suède, d’où un mandat d’arrêt international a été lancé contre M. Assange, qui y est soupçonné de viol.