és à l’aéroport de Madrid le 3 décembre 2010 (Photo : Dominique Faget) |
[03/12/2010 21:10:15] MADRID (AFP) Une grève soudaine des contrôleurs aériens a entraîné vendredi la fermeture de la majeure partie de l’espace aérien espagnol, plongeant les aéroports dans le chaos et prenant le pays par surprise à la veille d’un long weekend, en raison d’un conflit sur la durée du travail.
Le gouvernement a opté pour la fermeté, dénonçant “le chantage” des contrôleurs et annonçant qu’il pourrait avoir recours à des militaires pour assurer le contrôle aérien si la grève ne cessait pas.
“Nous n’allons pas permettre ce chantage qui prend les citoyens en otages”, a affirmé le ministre des Transports Jose Blanco.
Le gouvernement a annoncé dans la soirée qu’il pourrait avoir recours à l’armée pour assurer le trafic aérien, comme le permet la loi de privatisation de la gestion des aéroports adoptée vendredi matin.
La crise, qui affecte des centaines de milliers de passagers, a éclaté brusquement en fin d’après-midi lorsque les aéroports de Madrid Barajas, des Canaries et des Baléares ont fermé, à mesure que les contrôleurs abandonnaient leurs postes de travail.
Puis l’autorité de gestion des aéroports (Aena) a annoncé la fermeture de l’espace aérien dans tout le pays, à l’exception de l’Andalousie, dans le sud, à l’heure où des centaines de milliers de passagers s’apprêtaient à embarquer ou à prendre l’avion pour l’Espagne depuis l’étranger.
és à l’aéroport de Madrid le 3 décembre 2010 (Photo : Dominique Faget) |
Les aéroports se sont alors transformés en gigantesques salles d’attente. A Madrid, de longues files se formaient aux comptoirs d’enregistrement. D’autres passagers préféraient s’asseoir ou s’allonger à même le sol.
“C’est insultant, nous vivons dans un pays du tiers monde, nous avons des contrôleurs incompétents et un gouvernement incompétent”, lançait Laura Torres, une avocate de 37 ans, qui voulait partir avec son mari pour Les Canaries.
Shona Walker, une consultante britannique de 24 ans, a raconté qu’elle avait été bloquée trois jours à Edimbourg, en Ecosse, “à cause du mauvais temps”, avant de pouvoir enfin partir mercredi pour l’Espagne, puis d’être bloquée à nouveau.
Les aéroports devraient rester fermés jusqu’à une heure du matin, selon une porte-parole de la compagnie nationale Iberia.
128 vols d’Iberia avaient été annulés vers 21H30 (20H30 GMT) au départ de l’Espagne et la compagnie prévoyait de suspendre son trafic jusqu’à samedi 11 heures.
Une réunion était prévue dans la soirée entre les responsables de l’Aena, et les autorités du contrôle aérien européen (Eurocontrol) et américain (FAA) pour assurer la coordination des vols internationaux.
Le président d’Aena, Juan Ignacio Lema, a dénoncé devant la presse la “décision irresponsable” des contrôleurs aériens, “qui provoque de graves perturbations dans tout le pays”. Il a évoqué l’éventualité de sanctions contre les grévistes.
é à l’aéroport de Madrid le 3 décembre 2010 (Photo : Dominique Faget) |
Dans la soirée, la majorité de l’espace aérien du pays a été fermée car “90% des contrôleurs aériens ont abandonné leurs postes de travail”, selon Aena. Trois contrôleurs sont toutefois restés à leur poste à Madrid afin de superviser les atterrissages en cas d’urgence.
Ce mouvement soudain a éclaté quelques heures après l’approbation en Conseil des ministres d’une privatisation partielle de l’Aena, à hauteur de 49%, dans le cadre de nouvelles mesures anti-crise prises par le gouvernement socialiste.
Cette privatisation inclut un dispositif portant à 1.670 heures par an le temps maximum que pourront travailler les contrôleurs, contesté par l’Union syndicale des contrôleurs aériens (USCA).
Alors qu’une grève des contrôleurs n’était prévue que pour la fin décembre, de mouvement a éclaté subitement, au moment où les Espagnols partaient pour cinq jours de congés, le début de semaine prochaine étant férié en Espagne.