Un livre sur l’usage de Google dans une librairie chinoise, le 29 mars 2010 (Photo : Liu Jin) |
[05/12/2010 10:31:20] WASHINGTON (AFP) Des diplomates américains en poste à Pékin ont mis en cause de très hauts responsables chinois dans les cyber-attaques visant Google, dans des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks et mis en ligne samedi sur le site du New York Times.
“Un contact bien placé affirme que le gouvernement chinois a coordonné les récentes intrusions dans les systèmes de Google”, explique l’une de ces notes diplomatiques, selon laquelle les opérations étaient dirigées depuis le Bureau politique du Parti communiste chinois.
Dès jeudi, la Chine avait qualifié d'”absurde”, sans autre commentaire, le contenu du site WikiLeaks, qui a rendu publics 250.000 télégrammes diplomatiques américains confidentiels, certains impliquant la Chine.
Li Changchun, membre du Bureau politique chinois en charge de la propagande, lors d’une visite au Japon le 31 mars 2009 (Photo : Toru Yamanaka) |
Ces télégrammes désignent Li Changchun, membre du Bureau politique en charge de la propagande, comme le superviseur des cyber-attaques contre Google.
Selon les câbles cités par le New York Times, les attaques étaient coordonnées par le Bureau d’Information du Conseil des Affaires d’Etat (SCIO), sous la supervision de Li Changchun et de Zhou Yongkang, le plus haut responsable en matière de sécurité du pays.
Un câble diplomatique daté du 18 mai 2009 citant une source bien placée rapportait que M. Li avait été déconcerté de trouver des critiques le concernant en tapant son propre nom sur le moteur de recherches Google, selon le NYT.
Un câble rédigé cette année cite un Chinois lié par sa famille à l’élite chinoise disant que Li a supervisé une campagne contre Google en Chine.
Un bras de fer a opposé au printemps Google aux autorités chinoises, le géant américain de l’internet se disant excédé par la censure et victime d’attaques informatiques coordonnées de ce pays.
Les câbles montrent également que les autorités chinoises se sont plaintes de Google Earth auprès de l’ambassade américaine, demandant à Washington d’obtenir de Google qu’il réduise la résolution d’images montrant des installations sensibles en Chine.
Un responsable chinois non identifié a averti le numéro deux de l’ambassade de “conséquences graves” si des terroristes exploitaient des images de Google Earth contre le Chine.
Les câbles montrent par ailleurs que les diplomates américains soupçonnent les autorités chinoises d’avoir recours à une armée de pirates informatiques “patriotes” pour pénétrer dans les ordinateurs américains.
Les câbles font référence à une attaque informatique remontant à 2008 et qui n’avait pas été rendue publique, menée par des pirates basés à Shanghai et liés à l’armée chinoise, selon un câble du 3 novembre 2008.
Un câble du département d’Etat en juin 2009 met en garde contre des tentatives d'”harponnage” (“spear phishing”, tentatives d’obtenir des informations confidentielles ou mots de passe grâce aux réseaux sociaux) pendant des discussions sur le changement climatique, selon le Times.
Lors de ces attaques qui ont échoué, des messages électroniques ont été envoyés à des employés du bureau de l’émissaire américain avec un fichier PDF qui, s’il avait été activé, aurait donné au pirate le contrôle complet de l’ordinateur de la victime.