Quand la Bourse de Francfort copie ses petites cousines allemandes

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à la Bourse de Francfort, le 2 juillet 2010 (Photo : Daniel Roland)

[06/12/2010 09:39:03] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) On a toujours besoin d’un plus petit que soi: telle pourrait être la devise de la Bourse de Francfort qui, si elle règne en maître sur la place financière allemande, s’inspire aussi des meilleures idées des autres bourses du pays.

En chiffres, la domination de Deutsche Börse, l’opérateur de la Bourse de Francfort, est écrasante. Sur les 10 premiers mois de l’année, les volumes échangés sur ses différentes plateformes de transaction dépassent les 1.100 milliards d’euros, soit 90% du total des échanges réalisés sur les six places allemandes.

Mais dans la course aux innovations, ses petites concurrentes régionales ont leur mot à dire. Francfort “joue rarement un rôle de pionnier dans les produits financiers, et “a toujours un oeil sur ce qui se passe dans les bourses régionales”, constate l’analyste Michael Rohr de la banque d’investissement Silvia Quandt.

Dernier exemple en date: en novembre Deutsche Börse a annoncé le lancement début 2011 d’un nouveau segment d’échanges, dédié aux obligations des petites et moyennes entreprises (PME). Un filon que la Bourse de Stuttgart exploite depuis mai, et qui est aussi dans les cartons de la Bourse de Düsseldorf (ouest).

“Après la crise financière, lever des capitaux est devenu plus difficile pour les PME” auprès des banques, explique Frank Gerstenschläger, membre du directoire de Deutsche Börse, alors qu’elles doivent investir pour profiter à plein de la reprise.

Un raisonnement qu’ont fait avant lui les responsables de la Bourse de Stuttgart. Celle-ci a déjà organisé huit émissions d’obligations d’entreprises, dont Air Berlin, la deuxième compagnie aérienne du pays, pour un volume total de 730 millions d’euros.

“Evidemment c’est énervant quand tout le monde nous imite. Mais il n’existe pas de brevets pour les innovations financières”, confie à l’AFP Hans-Peter Burghof, membre du conseil de la Bourse de Stuttgart et professeur de finance à l’université de Hohenheim (sud-ouest).

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érateur Deutsche Börse AG, sonne la cloche le 10 septembre 2010 pour le 425e anniversaire de la Bourse de Francfort (Photo : Frank Rumpenhorst)

Face à Deutsche Börse, “on ne peut gagner que par l’innovation”, poursuit M. Burghof, qui plaide pour la sauvegarde des petites bourses régionales, selon lui plus sensibles aux besoins des investisseurs privés, tandis que les investisseurs institutionnels préfèrent Francfort.

Deutsche Börse se défend pourtant de “copier” ses compatriotes. “Les initiatives sont souvent parallèles, car chacun sait ce dont le marché a besoin”, selon un porte-parole du groupe, Torsten Baar. Mais il reconnaît qu’il est parfois “difficile” pour le groupe d’être partout à la fois.

A l’inverse les autres bourses allemandes cultivent des marchés de niche. Stuttgart devance ainsi Deutsche Börse dans les échanges de produits dérivés. La Bourse de Hambourg (nord), qui a fusionné avec celle de Hanovre en 1999, est spécialiste des échanges de fonds immobiliers et de fonds de financement maritime.

Ces deux-là restent celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu. “Le reste est bien gentil mais on n’en a pas vraiment besoin”, assène Michael Rohr.

La Bourse de Berlin n’a pas réussi à devenir une grande plateforme d’échanges de titres d’Europe de l’Est. Munich (sud) se limite aux besoins de capitaux des PME bavaroises. Düsseldorf (ouest) souffre des grandes difficultés des banques de sa région, de WestLB à IKB. Quant à la Bourse de Brême (nord), elle a disparu en 2007, mettant fin à plus de 300 ans d’histoire.

La concentration dans le secteur paraît inévitable, mais se heurte à de vives résistances politiques régionales. “Pour qu’un chef de gouvernement régional se sente bien, il lui faut une banque publique régionale et une Bourse”, ironise M. Rohr.