Talent, franc parler et aphorismes : imprévisible Eric Cantona

photo_1291630563399-1-1.jpg
Eric Cantona, le 18 mai 2009 au Festival de Cannes (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[06/12/2010 10:24:47] PARIS (AFP) Un talent fou balle au pied, mais aussi des coups, des insultes et un franc-parler saupoudré de mémorables aphorismes: Eric Cantona, ex-star du football, acteur reconnu et auteur d’un “buzz” inattendu avec son appel à retirer l’argent des banques, a toujours été imprévisible.

“S’il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s’écroule (…). La révolution se fait par les banques”, a tonné “Canto”. Il y a un an, il assurait qu'”être français, c’est être révolutionnaire, d’abord”.

Un discours inattendu dans la bouche d’un ancien footballeur star qui, comme ses semblables, aurait pu tranquillement gérer son après-carrière en rentier. Mais à 44 ans, le Marseillais continue à agir et à penser comme il l’a toujours fait, à l’instinct. Et qu’importe si cela suscite l’incompréhension.

A Manchester United (1993-1997), un des plus grands clubs du monde où il fut élu “joueur du siècle”, il sera pour toujours le vénéré “King Eric”, port altier, technique impeccable et buts spectaculaires.

En France, en revanche, il n’a pas cette aura, faute de s’être durablement installé dans un club et, surtout, d’avoir gagné avec les Bleus. En équipe de France (1987-1995), l’attaquant n’a connu que les vaches maigres, s’éclipsant il y a quinze ans pour laisser la place à la génération Zidane.

Exceptée la subtile attention qu’ils portent au ballon, Zidane et Cantona ne se ressemblent d’ailleurs en rien: le premier s’est constamment évertué à donner une image de gendre idéal, discours policé, pour ne pas dire terne, à la clé; le second a fait à peu près tout l’inverse.

photo_1291630967496-1-1.jpg
à Wembley, à Londres (Photo : Gerry Penny)

Cantona traite le sélectionneur des Bleus Henri Michel de “sac à merde”, “pisse au cul” de deux journalistes lors d’un direct TV et, en 1995, va même jusqu’à faire montre de sa maîtrise du kung fu en plein match, assénant un coup de pied haut à un supporteur adverse qui l’avait insulté.

Un côté “bad boy” qui enchante l’Angleterre, ravie de voir un “frenchie” s’épanouir outre-Manche. En plus, la presse se délecte de ses déclarations sentencieuses et, bien souvent, indéchiffrables.

“Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer”: voilà pour la plus fameuse. Une aubaine pour les Guignols, qui le singent en peintre et poète incompris, mais aussi pour l’intéressé, puisque son personnage devient une icône pour la publicité.

Sa carrière achevée, il change de voie et embrasse la carrière de comédien. Un pari osé, mais ses choix, exigeants à défaut d’être toujours gagnants, lui permettent de gagner peu à peu le respect de la profession.

La reconnaissance vient véritablement en 2009, lorsqu’il joue son propre rôle dans “Looking for Eric” de l’Anglais Ken Loach. Début 2010, son épouse, la comédienne Rachida Brakni, le met en scène au théâtre dans “Face au paradis”.

Mais signe qu’Eric Cantona n’est pas obsédé par le succès, en octobre, il s’en va à Nantes tourner “Les mouvements du bassin”, petit film d’Hervé-Pierre Gustave dit HPG, ancienne star du X reconvertie en réalisateur d’art et d’essai. Un tournage en marge duquel l’acteur a lancé son appel pour vider les comptes en banque. Sans prévenir.