érémy Emsellem, patron de Golden Hook, au siège de son entreprise à Paris le 1er décembre 2010 (Photo : ERIC PIERMONT) |
[06/12/2010 10:57:52] PARIS (AFP) Un jeune entrepreneur a trouvé un filon, surfant sur l’engouement pour les produits faits main : faire tricoter les grands-mères à la recherche d’un revenu ou d’un passe-temps, et vendre leurs écharpes, bonnets ou autres “snoods” (écharpe tube) à la mode sur internet.
L’idée est venue il y a cinq ans à Jérémy Emsellem, 25 ans, fondateur de la société Golden Hook (“crochet d’or”, NDLR) alors qu’il était encore étudiant en communication. “Une copine m’a appris à crocheter des bonnets et ensuite des amis m’en ont demandés”, raconte-t-il à l’AFP.
Face à la demande, il met à contribution sa grande-tante en maison de retraite puis d’autres “mamies”. “De fil en aiguille, le projet s’est développé: j’ai créé un site internet où on pouvait créer son bonnet et son écharpe”, raconte-t-il.
L’idée est simple : on choisit son modèle, ses couleurs, sa laine, et on “clique” sur la grand-mère qui va le tricoter. Le site propose aussi des modèles créés par son associée, la styliste Maïa Krzisch.
“J’ai été enthousiasmée par l’idée et je suis super fan”, raconte Danielle Meissner, grand-mère de 67 ans, l’une des 15 personnes qui tricotent pour Golden Hook. Ancienne commerçante dans la fourrure et l’horlogerie à Paris, elle tricote surtout pour le plaisir “quasi-hypnotique” qu’elle en retire.
D’autres le font plutôt pour arrondir les fins de mois difficiles, comme Simone Revel, ancienne restauratrice de 58 ans, qui n’a pas droit au chômage et ne touche pas encore sa retraite.
“Pour moi, ça a été la providence car je n’avais plus de revenu”, témoigne cette “boulimique du tricot” qui n’est pas encore grand-mère.
La rencontre avec Golden Hook s’est faite grâce à son Yorkshire : “Je tricotais beaucoup pour mon York et c’est comme ça qu’une connaissance commune avec M. Emsellem m’a contactée”, poursuit cette habitante de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), en banlieue parisienne.
Pour autant, le jeune patron n’a pas que des fans et certaines, qui ont travaillé pour lui ou l’ont connu à ses débuts, sont moins enthousiastes.
écran du site Goldenhook, le 6 décembre 2010 |
“C’est une arnaque. Il profite de vieilles dames isolées et dans le besoin en les payant trois francs six sous”, s’emporte Salomé Rosenvaig, qui tricote pour plusieurs associations caritatives.
“Du jour au lendemain, il a viré une veille dame de plus de 80 ans sans même une explication”, renchérit une autre sous couvert d’anonymat.
Il en coûte de 45 euros pour un bonnet simple à 119 euros pour un “snood”, 179 euros pour une écharpe extra-longue, voire 349 euros pour une écharpe “oversize” de quatre mètres sur 40 centimètres de large.
Les tricoteuses travaillent les mois d’hiver, avec un statut d’auto-entrepreneur. Elles gagnent environ 12 euros net pour un bonnet simple, 20 euros net pour un “snood”, et 80 euros net pour une écharpe “oversize”, selon des sources concordantes.
“Une grand-mère touche entre 200 et 400 euros par mois”, affirme Jérémy Emsellem, soulignant qu’une fois payées la taxe à la valeur ajoutée, la laine venant d’une filature française du Massif Central, Golden Hook “gagne cinq à six euros sur un bonnet”.
Et si son site rencontre du succès, Golden Hook n’est pas encore rentable, même s’il vise cet hiver un chiffre d’affaire de 300.000 euros cinq fois supérieur au précédent.
“Pour l’instant, on est financé par nos très gentils +business angels+ qui trouvent que le projet est sympa”, explique-t-il, citant notamment son père, Bernard Emsellem, ex-directeur de la communication de la SNCF.
Selon lui, les grands-mères semblent séduites. “Depuis qu’on a mis le bouton grand-mère le 22 janvier, on a reçu 2.500 mails de candidatures”, assure-t-il.