La zone euro divisée sur des mesures plus radicales face à la crise

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ésident de l’exécutif européen, Jose Manuel Barroso (D) et le Premier ministre grec Papandréou, le 6 décembre 2010 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[06/12/2010 19:02:21] BRUXELLES (AFP) Face à la crise financière la zone euro est à la recherche de solutions plus radicales telles qu’une augmentation de son Fonds de secours pour les pays en difficulté ou des emprunts obligataires communs, mais les Européens sont divisés sur ces questions.

Ces dossiers étaient discutés lors d’une réunion des ministres des Finances de l’Union monétaire qui a commencé vers 17H00 (16H00 GMT), en présence du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.

La situation s’est un peu apaisée mais les marchés gardent dans leur ligne de mire les pays les plus fragiles, comme le Portugal, la Belgique et l’Espagne.

Face aux craintes de contagion, et alors que l’annonce d’un plan d’aide de 85 milliards d’euros pour l’Irlande n’a pas totalement convaincu, les ministres des Finances envisagent des options plus radicales.

Parmi elles, une idée refait surface. Elle consisterait à créer des “euro-obligations”, des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques et éviter que les pays les plus fragiles ne soient attaqués par les spéculateurs.

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énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn (G) et le président de la BCE Jean-Claude Trichet discutent, le 6 décembre 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont relancé l’offensive lundi, dans une tribune publiée dans le quotidien Financial Times.

Ils invitent l’UE à décider dès décembre de créer une agence qui émettrait ces obligations.

Problème: l’Allemagne, principale économie de la zone euro, y est opposée. Elle jouit des taux obligataires les plus bas en Europe et refuse de payer pour les autres.

De telles obligations européennes “ne permettent pas de concurrence entre les taux d’intérêt” attachés à la dette des pays, a regretté lundi à Berlin la chancelière Angela Merkel. Or “la concurrence des taux d’intérêt est une incitation à respecter les critères de stabilité”, a-t-elle jugé.

Cet avis est partagé par l’Autriche. Son ministre des Finances Josef Pröll a dit avoir une opinion “très, très critique” sur cette question.

La Commission européenne, elle, a exprimé son scepticisme. Cette idée a été suggérée “il y a de nombreuses années déjà mais il n’a jamais été possible de parvenir à un accord”, a rappelé son président, José Manuel Barroso.

Autre option à l’étude: des ressources plus élevées pour le Fonds de secours destiné aux pays de la zone euro en difficulté, mis en place au printemps et dont l’Irlande va profiter.

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à droite: le ministre belge des Finances Didier Reynders, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn et le président de la Banque centrale européenne, le 6 décembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

Il est doté actuellement de 440 milliards d’euros de garanties de prêts des Etats de la zone euro, dans le cadre d’un dispositif plus large de 750 milliards d’euros, avec 250 milliards de prêts du FMI et 60 milliards de l’UE.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé à augmenter sa capacité si nécessaire. Et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a indiqué que “ce serait l’une des questions discutées à la réunion de l’Eurogroupe”.

Au delà, les Européens réfléchissent aussi à des moyens beaucoup plus importants pour le futur Mécanisme de secours permanent, destiné à remplacer le dispositif actuel à partir de la mi-2013.

“Concernant le mécanisme définitif nous devons discuter de la taille, je l’ai déjà dit, et si on aboutit à une évolution sur ce volet-là on pourra peut-être alors parler du mécanisme provisoire également”, a dit lundi le ministre belge des Finances Didier Reynders, dont le pays préside l’UE.

Mais là encore, Angela Merkel a répété lundi qu’elle ne voyait aucune raison d’en discuter dans l’immédiat.

“Injecter des moyens supplémentaires dans le dispositif n’est pas la question du moment”, a renchéri la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado. Son collègue néerlandais Jan Kees de Jager a jugé l’idée “un peu prématurée”.