L’hébergeur OVH s’est assuré en justice qu’il n’avait pas à fermer WikiLeaks

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ège de l’hébergeur français de WikiLeaks, OVH, à Roubaix le 3 décembre 2010 (Photo : Philippe Huguen)

[06/12/2010 21:27:48] PARIS (AFP) La justice n’a pas imposé à OVH, la société française hébergeant une partie de WikiLeaks, de fermer le site controversé, en rejetant plusieurs requêtes demandant aux juges de statuer s’il était légal ou non, a annoncé le directeur général d’OVH lundi.

Une première requête de l’hébergeur, qui n’a pas eu recours à l’assignation en référé comme annoncé vendredi, avait été immédiatement rejetée par le tribunal de grande instance (TGI) de Lille au motif qu’elle était incomplète.

Une nouvelle requête a été présentée lundi, demandant “que l?autorité judiciaire tranche du caractère illicite ou non du site”.

“Cette requête a été présentée et plaidée aujourd’hui (lundi) auprès d’un juge au TGI de Lille et un autre de Paris en même temps”, a indiqué le directeur général d’OVH, Octave Klaba, dans un courriel à l’AFP.

Le TGI de Lille a de nouveau rejeté la requête, mais OVH n’avait pas encore reçu les motivations du juge lundi soir. Le TGI de Paris a quant à lui rejeté la requête “au motif qu’un tel dossier “nécessitait un débat contradictoire”, a-t-il précisé.

M. Klaba a indiqué aussi n’avoir reçu aucune notification de la part des autorités à propos de WikiLeaks alors qu’il reçoit “3 à 5 notifications par jour, pour différentes pages parmi les 6,5 millions de site” qu’OVH héberge sur son réseau, pour propos racistes, xénophobie, etc..

“Au niveau d’OVH, le prestataire technique, nous estimons avoir fait le maximum pour clarifier la situation juridique du site. (…) En tout cas, nous avons essayé d’être le plus transparent possible”, indique encore le patron de cette société basée à Roubaix (Nord).

“Nous n’avons pas fait la procédure en référé, car elle demande qu’une partie assigne en justice une autre partie. (…) Comme OVH n’est ni pour ni contre ce site, nous n’avons pas à assigner notre client”, ajoute-t-il, laissant entendre que sa société cessait là toute procédure judiciaire.

OVH, l’un des premiers hébergeurs de sites en France, s’était retrouvé sur le devant de la scène vendredi lorsqu’il était apparu que WikiLeaks était hébergé par l’un de ses serveurs.

Le site, qui a divulgué des centaines de télégrammes diplomatiques américains secrets en une semaine, n’est pas son client direct, a tenu à préciser OVH lundi. “L’un de nos clients, en louant un serveur dédié, est devenu l’un des hébergeurs du site WikiLeaks”, indique-t-il.

Le ministre chargé de l’Economie numérique, Eric Besson, avait demandé dès vendredi au Conseil général de l’Industrie, de l’Energie et des Technologies (CGIET) de mettre fin à l’hébergement du site WikiLeaks en France au motif qu’il violait le secret diplomatique.

OVH, qui avait indiqué avoir découvert “dans la presse” qu’il hébergeait une partie de WikiLeaks sur ses serveurs, avait alors annoncé qu’il s’en remettait à la justice.

“Ce n’est pas au monde politique ni à OVH de demander ou de décider la fermeture ou pas d’un site mais à la justice”, avait fait valoir M. Klaba, ajoutant: “c’est comme ça que (cela) doit marcher dans un pays de droit”.

“Cette affaire qui dépasse les Etats nous dépasse aussi très largement”, a-t-il d’ailleurs confié lundi.