Le colloque qu’a récemment réuni Sciences-Po Aix, en partenariat avec la mairie de Nice et le Carrefour universitaire méditerranéen, sur le thème «Existe-t-il un management interculturel méditerranéen?», est à méditer à plus d’un titre.
En effet, deux jours durant, à Nice, universitaires et chefs d’entreprise du pourtour de la Méditerranée ont tenté d’apporter des éléments de réponse à cette problématique. Et signe qui ne trompe pas, les organisateurs ont promis que ce colloque sera suivi d’autres rendez-vous pour poursuivre la réflexion, souligne le site econostrum.info.
C’est Jean-François Mattei, professeur à l’université Nice Sophia Antipolis, s’appuyant sur des considérations à la fois historiques et philosophiques, qui plante le décor en disant que, «dans un monde confronté à la globalisation, l’espace méditerranéen n’est ni un mythe ni une illusion». Cependant, cet espace est en panne, sur le plan politique. Alors, une question: «L’économie, les entreprises peuvent-elles faire bouger les lignes?». Pour Alain Cabras, maître de conférences à Sciences Po Aix, reste convaincu que «le sursaut viendra des acteurs économiques».
Cette conviction de M. Cabas est d’ailleurs étayée par le développement d’entreprises comme Altea Packaging Group (dont le Pdg est Slim Zeghal) –fédération de PME avec 7 usines- qui s’est engagé dans une stratégie de croissance externe dans cinq pays, en Algérie, au Maroc, en Egypte et en France. Ce groupe serait «confronté, au quotidien, à la nécessité de mettre en œuvre un management interculturel prenant en compte des spécificités territoriales et culturelles différentes».
Pareille pour le tunisien Poulina Group Holding (PGH) qui, lui aussi, «parti de l’agroalimentaire et aujourd’hui présent dans de multiples secteurs… et qui fait travailler quelque 13.000 personnes dans les pays du Maghreb, ainsi qu’en Egypte et en Libye, est confronté aux mêmes défis» qu’Altea Packaging Group. Mais Maher Kallel, diplômé du MIT aux Etats-Unis et membre du conseil d’administration du groupe, semble avoir trouvé une parade à ce problème: «il faut adapter les modèles anglo-saxons et les valeurs occidentales aux réalités économiques des différents pays et surtout prendre en compte la dimension humaine de la relation entre l’entreprise et les personnes qu’elle emploie». Et Boualem Kini, directeur général de la société algérienne Logitrans, partage entièrement cette perception.
Compte tenu de ce qui précède, il faut se poser la question de savoir s’il existe une spécificité du management méditerranéen? Pour Walid Maaouia, directeur de PMGI Maghreb (cabinet de conseils en organisation), un modèle méditerranéen spécifique doit être inventé, tant dans cette région «les influences sont multiples: latine, anglo-saxonne, germanique».
Pour relever ce défi, on renvoie la balle aux écoles et universités du Bassin méditerranéen qui doivent proposer à leurs étudiants des enseignements en management et gestion. C’est dans cette optique du reste que Sciences-Po Aix a imaginé le jeu “Médisim“ consistant à mettre en place un réseau d’enseignants interméditerranéens.