La zone euro peine à avancer sur des mesures radicales face à la crise

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énéral du FMI Dominique Strauss-Kahn (d) à Bruxelles le 6 décembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

[07/12/2010 06:42:00] BRUXELLES (AFP) Face à la crise financière persistante, la zone euro n’a pas réussi à s’entendre lundi soir pour décider de solutions plus radicales telles qu’une augmentation de son Fonds de secours pour les pays en difficulté ou des emprunts obligataires communs.

Ce sujet a été discuté lors d’une réunion des ministres des Finances de l’Union monétaire, qui s’est tenue en présence du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.

La situation s’est un peu apaisée mais les marchés gardent dans leur ligne de mire les pays les plus fragiles, comme le Portugal, la Belgique et l’Espagne.

Face aux craintes de contagion, et alors que l’annonce d’un plan d’aide de 85 milliards d’euros pour l’Irlande n’a pas totalement convaincu, les ministres des Finances envisagent des options plus radicales.

Parmi celles ci, figure l’idée de créer des “euro-obligations”, des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques et éviter que les pays les plus fragiles ne soient attaqués par les spéculateurs.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont relancé l’offensive lundi, dans une tribune au quotidien Financial Times.

Mais ils n’ont pas rencontré un grand succès.

“Nous n’en avons pas discuté”, a dit M. Juncker à l’issue de la réunion, soulignant que “ce n’était pas vraiment un point au programme”. Il a cependant défendu son idée “pas aussi stupide que ça en a l’air”.

L’Allemagne, qui jouit des taux obligataires les plus bas en Europe et refuse de payer pour les autres, a fait savoir clairement son opposition.

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à d): le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager, ses homologues italien, Giulio Tremonti; autrichien, Josef Proll; espagnol, Elena Salgado; allemand, Wolfgang Schauble; maltais, Tonio Fenech; finlandais, Jyrki Katainen, réunis à Bruxelles le 6 décembre 2010 (Photo : Georges Gobet)

Un avis partagé par l’Autriche. Son ministre des Finances Josef Pröll a dit avoir une opinion “très, très critique” sur cette question car elle reviendrait selon lui à faire payer les payx vertueux pour les pays laxistes. La Commission européenne, elle, a exprimé son scepticisme.

Les Européens sont également apparus divisés sur une autre option à l’étude: des ressources plus élevées pour le Fonds de secours destiné aux pays de la zone euro en difficulté, mis en place au printemps et dont l’Irlande va profiter.

Il est doté actuellement de 440 milliards d’euros de garanties de prêts des Etats de la zone euro, dans le cadre d’un dispositif plus large de 750 milliards d’euros, avec 250 milliards de prêts du FMI et 60 milliards de l’UE.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé à augmenter sa capacité si nécessaire. Et le Fonds monétaire international y est aussi favorable.

Mais les ministres des Finances ont décidé qu’il n’y avait “pas de nécessité d’agir immédiatement”, a dit M. Juncker.

“Nous avons attentivement écouté le directeur du Fonds de stabilité financière Klaus Regling, et il a juste indiqué que pour l’instant, il n’y a pas de nécessité d’augmenter le volume”, a-t-il ajouté, à l’issue de la réunion.

Selon un diplomate européen, les ministres “ne se sont pas mis d’accord” sur le sujet car ils divergent sur l’impact d’une telle mesure sur les marchés.

“Quel sera le signal donné aux marché en relevant le plafond du Fonds? Certains y voient un signal fort à même de rassurer les marchés. Les autres craignent au contraire que les marchés y voient la preuve que la zone euro anticipe une dégradation de la situation”, a-t-il dit.

Angela Merkel a répété lundi qu’elle ne voyait aucune raison de discuter dans l’immédiat d’un relèvement du Fonds.

“Injecter des moyens supplémentaires dans le dispositif n’est pas la question du moment”, a renchéri la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado.

Le sujet devrait cependant être de nouveau abordé par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, lors d’un sommet à Bruxelles les 16 et 17 décembre.