écialisée dans le transfert d’argent via téléphone portable à New Delhi, le 18 novembre 2010 (Photo : Manpreet Romana) |
[07/12/2010 10:16:47] NEW DELHI (AFP) La soif de l’Inde pour les technologies est autant perceptible dans les plus petits villages du pays que dans les centres commerciaux des grandes villes, et les entrepreneurs commencent à prendre la mesure des énormes potentiels de croissance du secteur.
Système de transfert d’argent via téléphone portable, réfrigérateurs robustes à faible consommation, réchauds à compost: autant d’innovations destinées à une population rurale (70% des 1,18 milliard d’Indiens) aux moyens financiers limités.
Shivnath Yadav, un cuisinier de 35 ans, envoie régulièrement de l’argent à sa mère, qui vit dans un petit village du Bihar (est), via son téléphone portable.
“C’est vraiment facile, et savoir que l’argent lui arrive très vite me tranquillise”, déclare-t-il à l’AFP dans un petit magasin du sud de Delhi où il vient d’effectuer la transaction.
Deux frères, Abhishek et Abhinav Sinha, ont utilisé une bourse de la Banque mondiale en 2009 pour créer Eko Financial Services, une société qui propose des services bancaires mobiles via des petites boutiques type épicerie.
Lorsqu’un client veut envoyer de l’argent, il dépose le montant souhaité auprès du commerçant, qui compose un code pour demander le transfert auprès d’Eko. Eko demande alors à la banque la plus proche du récipiendaire de déposer l’argent envoyé, là encore, dans la boutique du village.
Le propriétaire du magasin où Shivnath Yadav a effectué sa transaction réalise une centaine d’opérations de ce type chaque jour, vers des villages de l’est du pays. Il abandonne peu à peu son activité de réparation de téléphone pour se concentrer sur ces transferts d’argent.
écialisée dans le transfert d’argent via téléphone portable à New Delhi, le 18 novembre 2010 (Photo : Manpreet Romana) |
Autre service bancaire introduit dans les villages grâce à la technologie: les distributeurs automatiques de billets.
Les banques rechignent à installer des distributeurs dans les villages à cause du coût et de craintes sur la sécurité.
Mais un ingénieur, L. Kannan, a mis au point un distributeur adapté aux villages, après des années de recherche. Il fonctionne avec une puissance de 100 watts (soit le dixième d’un distributeur traditionnel) et dispose de piles de secours et de panneaux solaires.
“Les villageois ne sont pas riches mais ils ont de l’argent. Ce qu’ils n’ont pas, c’est un endroit où placer leurs économies” en toute sécurité, souligne L. Kannan.
L’ingénieur a signé cette année un contrat avec la plus grande banque indienne, la State Bank of India, pour lui fournir 600 machines, dont 300 fonctionnent déjà dans plusieurs villages.
L’électroménager bénéficie également des avancées technologiques, qui rendent les appareils mieux adaptés aux besoins des Indiens des villages.
Le géant industriel Tata a mis sur le marché un purificateur d’eau, qui ne nécessite ni électricité ni eau courante pour fonctionner. Vendu 999 roupies (16,55 euros), le Swach utilise des cendres d’enveloppes de riz imprégnées de nano-particules d’argent pour filtrer l’eau et dure 200 jours pour une famille de cinq.
Un autre conglomérat indien, Godrej Group, travaille sur un réfrigérateur (une rareté dans les villages) conçu pour le milieu rural.
Godrej a discuté avec les villageois et conçu le Chotukool: un cube rouge robuste, doté d’une isolation parfaite qui fonctionne à l’électricité ou sur piles. Et pour résister aux chocs, il utilise un système de refroidissement thermoélectrique et non un compresseur.
Mahesh Yagnaraman, directeur de First Energy, a lui mis mis au point un réchaud qui brûle avec du compost et non du bois ou du gaz, réduisant la fumée à l’intérieur des habitations et surtout le temps passé à ramasser du bois.
“C’est difficile d’atteindre nos villages. Mais en tant que groupe indien, nous devons nous pencher sur ce marché. Parce que sinon, qui le fera?”, déclare G. Sunderraman, de chez Godrej.