Moneo, le porte-monnaie électronique, dans la poche d’un fonds français

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ète un journal en payant avec le système Monéo intégré dans sa carte bancaire, en 2002 à Caen (Photo : Mychele Daniau)

[07/12/2010 14:21:58] PARIS (AFP) Lancé il y a dix ans, l’avenir du porte-monnaie électronique Moneo se joue désormais entre les mains du fonds d’investissement français BlackFin, qui entend relancer ce moyen de paiement qui n’a jamais vraiment réussi à décoller.

Créé en 1999, Moneo s’apprête à vivre un nouveau départ, se séparant de ses actionnaires historiques, à savoir France Télécom, la RATP, la SNCF et sept banques (BPCE, Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale, Crédit-Mutuel-CIC, HSBC France et la Banque Postale).

Moneo se libère ainsi de la tutelle des banques, qui ont mis beaucoup d’argent sur le projet mais qui impliquaient une “gouvernance compliquée”, selon les mots de Patrick Werner, président de la société jusqu’à lundi.

Moneo, qui voulait être un porte-monnaie électronique du quotidien, s’est vite rabattu sur des clientèles ciblées: universités ou collectivités locales.

Les banques ont choisi de le vendre au fonds BlackFin Capital Partners, une cession annoncée lundi, pour quelques millions d’euros, selon des informations de presse.

Les banques restent présentes, par le biais d’un contrat de commercialisation des produits Moneo pour cinq ans.

Il faut dire que le porte-monnaie électronique “n’a pas connu un grand succès”, observe Anatole de la Brosse, directeur associé du cabinet Sia Conseil, avec en 2010 un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, alors que l’investissement dans le projet dépasse 100 millions.

Le portefeuille électronique, crédité au maximum de 100 euros, permet de réaliser des achats compris entre 1 centime et 30 euros, Moneo étant présent tant sur internet, téléphone mobile et clé USB.

En 2010, 1,8 million de cartes sont actives pour plus de 40 millions de transactions (2,5 euros en moyenne). Le nombre de paiements sans contact atteint lui 5 millions (500.000 cartes).

Alors qu’en 1999, l’objectif était de lancer un porte-monnaie électronique pour les achats quotidiens, la société a changé son fusil d’épaule en 2004 mettant l’accent sur une offre multiservice à destination des collectivités locales ou encore des universités.

La carte est par exemple présente dans la poche de 1,5 million d’étudiants, leur permettant de régler leurs repas ou d’être identifiés.

Le nouveau propriétaire mise justement sur cette orientation stratégique, voulant développer l’offre Moneo dans les villes, les conseils généraux et régionaux et même les hôpitaux, sur plusieurs types de services (restauration, parkings, bibliothèques, transports publics, etc).

Pour ce faire, Moneo va recruter 10 commerciaux, dépenser 8 millions d’euros en communication et 4 millions en développement informatique.

L’objectif commercial est de taille, visant en 2015 un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, pour 5 millions de cartes actives et 750 millions d’euros de flux.

La société pourrait même mettre prochainement un pied à l’étranger, quelques universités et villes ayant fait part de leur intérêt pour l’offre multiservices.

Moneo tombe dans l’escarcelle d’un fonds, qui veut se spécialiser dans les entreprises non cotées du secteur financier.

Avant la création de BlackFin Capital Partners en 2009, ses quatre fondateurs avaient lancé la banque en ligne Fortuneo, revendue en 2006 au Crédit Mutuel Arkéa.

BlackFin veut lever 250 millions d’euros d’ici juin 2011, se concentrant sur les entreprises non cotées, pour un horizon d’investissement de cinq ans.